Le canyon de Colca

24 Août: Nous savons que Jessica et Nicolas nous attendent dans les environs, mais la route est très longue et roulons 8 heures pour atteindre Chivay sans compter les arrêts pour aider les véhicules crevés ou en panne. Nous arrivons donc dans ce petit village qui est la porte d’entrée du canyon de Colca.

Ce canyon est semble t’il le plus profond du monde derrière celui de Cotahuasi un peu plus au Nord Est, le double en profondeur de celui du Colorado.

Chivay est un pueblo tranquille, populaire, animé. Le marché nous propose beaucoup de variété de produits, et c’est un régal d’observer les dames habillées de leurs tenues traditionnelles, corsages et chemises brodés finement, belle jupes à plis et l’accessoire indispensable: le chapeau brodé qui peut prendre la forme que l’on veut.

Nous ne trouvons pas Jessica et Nicolas, alors nous allons près des célèbres thermes pour y passer la nuit.

25 Août: Il n’y a personne au thermes, cela nous tente donc et trempons dans des piscines d’eau à 40°, la plus chaude ayant l’eau directement de la source qui coule dans le bassin à 80°. Evidemment, ils sont obligés de la couper à l’eau froide. Les installations ne sont pas très belles, mais le cadre est beau, et nous nous assoupissons au soleil. Grosse erreur, on ne fait pas ça à 3700 m d’altitude, le torse et les jambes blanches. Le résultat est terrible, de belles et douloureuses brûlures qui annonce une mue inévitable. On repart de cet endroit en marchant en canard, et en tombant à moitié dans les pommes d’être restés si longtemps dans cette eau brûlante.

Nous nous mettons donc en quête de Nico, Jessica et Eliot et partons à la rencontre de ce fameux canyon. Les paysages sont magnifiques, le coin est vraiment très rural, cela nous fait penser à des scènes de vie décrites par Giono ou Pagnol, les bergers sur les chemins menant brebis, chèvres, vaches et ânes chargés de luzerne, de foin, de bois ou d’eau. Les champs sont cultivés sur des terrasses d’origine Incas, les paysans d’ici ont su les préserver afin d’en tirer profit. Les patchworks ainsi formés sont bien différents de ceux de Bolivie, où ceux-ci sont cultivés sur les flancs des montagnes, en pente. Le travail de construction de tous ces murs de pierres est gigantesque, cela nous impressionne beaucoup tant cela est étendu. Sans vraiment le vouloir, les hommes ici ont réalisés de vraies oeuvres de Land Art.

Sur le chemin nous nous arrêtons devant la Cruz del Condor, un site pourvu de plusieurs miradors surplombant le canyon et abritant une colonie de condors aimant planer sur les courants ascendants. La vue sur ces oiseaux est spectaculaire car ils volent aussi bien au dessus de nous, comme au dessous, ce qui nous donne l’illusion de planer aussi et surtout de les regarder de haut!

Il n’y a personne sur les site, il y a des heures bien précises auxquelles ils pointent le bout des ailes, c’est le matin entre 8 et 10, et l’après-midi entre 16 et 18h. Nous arrivons vers 13h et voyons de loin 2 condors. Ce sera tout pour aujourd’hui, il faudra attendre demain, mais il n’y a pas qu’eux à observer, certes, ils sont les stars du bled, mais il y a aussi nombre de lézards, perruches et viscachas. C’est ici que nous les voyons pour la première fois. Cet animal de la famille des chinchillas est une vraie chimère... pattes de kangourou, tête de lapin, queue longue et ourlée... elle saute à pied joint de rocher en rocher sans toucher le sol, rapide comme l’éclair, pas le temps de dégainer l’appareil. Promis, j’en aurai une un jour pour vous montrer.

Le coin est idéal pour un bivouac et surtout nous serons aux premières loges pour observer les oiseaux au petit matin.

Le canyon est profond mais n’est pas si impressionnant puisque ce n’est pas un haut plateau creusé par une rivière, mais des gorges parées de montagnes de différentes hauteurs, la mesure du canyon est donc faite depuis la montagne la plus haute. Le rio en bas paraît cependant vraiment petit.

26 Août: Nous nous levons avec le vol de condors lointain, nous ne sommes pas au bon endroit, je regarde plus à l’Est et vois près d’un autre mirador des dizaines de bus touristiques et des gens partout. Il va falloir se mêler à la foule, mais ce n’est pas dérangeant puisqu’on peut se trouver son rocher d’observation, les condors sont sympas, ils font le tour pour que tout le monde en profite!

Avant de pouvoir en observer un de près, une ombre énorme passe au dessus de nous, comme un planneur, au moins 4 mètres d’envergure. On lève le nez et on est au spectacle.

Puis on baisse la tête, et ils sont là, ils tournoient et rasent les montagnes.

Nous partons après des dizaines de photos en direction de Cabanaconde, là où se trouvent nos amis. C’est un petit village très tranquille aux habitants très chaleureux, tout le monde nous salue, et, ne trouvant pas de café internet ouvert, un gars de la mairie nous propose d’utiliser internet dans leur bureau pour consulter nos mails. Gratuitement. Nous nous garons devant la belle église et commençons le jeu de piste: d’hôtel en hôtel, nous remontons jusqu’où logent Jess et Nico.

Nous sommes chaleureusement reçu à la posada del Conde par Edouardo et il nous propose de stationner dans leur parking privé sans contrepartie.

Finalement, nous n’irons pas faire la balade dans le canyon, nous voyons de haut ce qu’il en est et cela ne nous tente pas, surtout que Jess et Nico l’ont faite hier et n’en sont pas revenus vraiment enchantés.

C’est une descente de 1200m, le paysage ne change pas, et il y a en bas une oasis avec piscine qui se trouve à l’ombre tôt dans l’après-midi. Puis, il faut remonter!!!

28 Août: Nous retournons sur nos pas et allons à Yanque ensemble, sur la piste, nous nous arrêtons prendre quelques photos dans les petits villages, tous dotés de magnifiques église blanches, comme celle de Maca. Tous ces villages sont minuscules, et leurs églises paraissent disproportionnées et témoignent de la ferveur de la foi des colons.

A Yanque, nous trouvons une petite résidence hôtelière très jolie, dans la campagne, où les propriétaires, Liliana et Arturo nous accueillent très amicalement avec un maté coca. Jessica et Nicolas prennent une petite chambre, et nous nous voyons offrir la possibilité de stationner dans le pré simplement.

Yanque est un bon petit endroit pour se reposer, l’eau coule au milieu du pré, et deux alpaga aux dread locks impressionnantes nous observent tout en broutant. Nous n’avions encore jamais rencontré cette drôle de race.

Nous allons au marché de Chivay, qui se trouve à seulement 15 km de là pour notre ravitaillement car il n’y a vraiment pas grand chose dans les petites boutiques de Yanque. C’est l’occasion de se taper une bonne petite truite au marché couvert en compagnie des gens du coin et de découvrir de nouveaux produits locaux.

Yanque nous plaît beaucoup, il y a des thermes naturels aux eaux chaudes à point parfaites pour la détente, surtout lorsque la température baisse en fin d’après-midi, à quelques dizaines de minutes de notre camps de base. Nous sommes encore seuls pour en profiter, ce qui nous convient très bien.

29 Août: Décidément, ce petit village de rien du tout nous comble en occupations, il y a, à 1 heure de marche dans les cultures en terrasse, les ruines d’un village Kollawas devenu Incas et nommé Uyu UYu. Ces ruines sont bien entretenues et nous font voir à quel point les Incas maîtrisaient l’irrigation. Sur le chemin, sous un pont, nous pouvons voir nichés dans la roche juste au dessus du torrent des silos à grains de la même époque. Comme chez les guêpes maçonnes, l’homme à trouvé l’endroit idéal, parfaitement choisit pour que les grains de maïs, patates et quinoa  soient toujours au frais,  et surtout bien ventilés pour qu’il ne pourrissent pas.

Nous avons décidé d’inviter Lili et Arthuro à partager un bout de notre vie de voyageurs, de leur faire découvrir notre cuisine, et nous leur demandons s’il est possible de faire du feu dans le pré, ils acceptent. Alors nous retournons à Chivay et achetons du bois (car ici c’est dur à trouver) et des pattes d’agneau que nous allons faire mariner et griller avec un petit sauté de légumes qui va bien. Arturo s’occupe alors des piscos sour, la boisson nationale. Le pisco est un alcool sec et fort de raisin, (ou parfois de canne, comme du rhum) qui se boit le plus communément avec du sirop de sucre, du citron, de la glace pilée et un blanc d’oeuf battu. J’ai voulu en faire, mais j’ai un peu forcé sur les blancs d’oeufs, au final il y avait plus à manger qu’à boire. Donc, nous laissons Arturo s’en charger, c’est beaucoup plus rafraîchissant!!!

La soirée est vraiment agréable, Nos invités nous passent de la bonne musique, de plus, ils souhaitent finir la nuit sur du Bob Marley, que demander de mieux dans un endroit pareil avec des alpagas rastas!

Ah oui, on ne vous a pas montré, on s’est acheté des perruques en alpaga! bon, pour se balader en ville c’est pas terrible, mais il faut nous imaginer sur les pistes de ski avec, ça va déchirer!!!

Nicolas a prévu un programme, une boucle dans la vallée des volcans et une virée au canyon de Cotahuasi, le plus profond du monde, 3300m de profondeur. Nous acceptons de faire la route ensemble, nous quitterons la vallée de Colca et ses habitants avec le souvenir de gens aimables, chaleureux, accueillants, au mode de vie assez dur, à l’ancienne, et des paysages superbes sculptés par l’homme au milieu de montagnes abruptes et pelées.


Pour ceux que ça intéresse, nous avons promis à Lili de parler de son hôtel car ils sont prêts à accueillir les camping caristes de passage. Ils disposent de toilettes et douches à l’extérieur, d’un service de laverie, d’un restaurant ainsi que d’un beau pré pour bivouaquer. Accessible à tout type de véhicule.

Son nom est le RIJCHARIY COLCA, www.rijchariycolcalodge.com

Coordonnées GPS: S 15 38 764 ; W 071 39 561