Copahue village

15 Mai: La boue et l’eau chaude nous ont fait beaucoup de bien et la nuit a été réparatrice. Nous en profitons pour visiter ce vieil hôtel abandonné avec toutes ses installations qui à la belle époque devaient prétendre à  un centre complet de soins, hydromassage, bains divers, piscines. On se demande pourquoi tout ceci est abandonné.

Nous allons visiter le village de Copahue, mais sur la route il y a las maquinas, encore un endroit où le volcan se manifeste de toutes ses forces.

L’air y est sulfureux et chaud, lorsqu’on s’approche d’une bouche, la vapeur d’eau nous brûle, l’ambiance bruyante ce ces soupapes du volcan actif est irréelle, ça gargouille de partout et les souffles sont si forts qu’on ne s’entend plus. Certains sons de grondement sous terre sont même inquiétants!

Le sol est très chaud, pour une fois nous n’avons pas froid aux pieds.

Il paraît que les gens souffrant des problèmes respiratoires viennent ici pour se fondre dans les fumeroles.

Ce ne sont pas des thermes à vrai dire, à cet endroit, on ne peut que s’immerger le corps complet dans cette boue qui ressemble à de l’argile puant car il n’y a que très peu d’eau à la surface. Et franchement... cela ne nous dit rien, et puis nous n’avons pas d’arthrose, de dermatite quelconque, alors on passe notre tour.

Nous allons à Copahue. L’endroit est désert, on dirait même qu’il est à l’abandon. Il nous est difficile de croire qu’il y a un mois en arrière tout était encore ouvert, à voir la vétusté des installations, aux maisons qui s’écroulent, aux piscines entourées de gravas, au carrelage cassé dans les magasins... l’endroit fait quand même assez miteux et ça ne donne pas envie d’y passer ses vacances. Mais qui sait, tout est peut être retapé à chaque saison, mais il y a du boulot.

Les piscines sont immenses et peuvent recevoir 2500 personnes en traitement. Nous nous réjouissons à l’avance d’avoir tout ça pour nous tout seul, mais nous serons déçus car certaines bouillent à 90° (nous sommes à 2000 mètres d’altitude), comme si on allait faire cuire des pâtes, et les autres sont à 25°, ce qui n’est pas suffisant pour se réchauffer puisque dehors il fait quand même frisquet.

Nous nous régalons de déambuler dans ce village complètement vide en essayant de se l’imaginer en activité.

Nous grimpons la colline surplombant le village d’où nous voyons s’échapper des fumerolles.

Nous y découvrons deux petits cratères, une veine du même type de celles qui alimentent les piscines en fango, cette boue grise qui nous explose au nez et qui coule le long de la colline.

Comme nous ne pouvons pas nous baigner à Copahue, nous repartons à notre camp de base à las maquinitas pour nous mettre au chaud, et puis l’ambiance délabrée qui nous donne l’impression d’être les derniers survivants d’une apocalypse nous plaît bien. Et puis, si les vertus de ces eaux sont reconnues depuis l’Antiquité, alors cela ne peut nous faire que du bien.

16 Mai: Nous nous réveillons sous quelques flocons de neige avec un vent furieux, et les nuages au loin, qui avancent assez vite ne présagent rien de bon. Il fait -4°, et l’idée de nous retrouver ici dans ce froid ne nous branche pas, surtout s’il neige en abondance, alors on s’active et on s’échappe vite pour fuir ce temps.

Nous allons quand même voir de salto del Agrio qui se trouve sur la piste que nous voudrions emprunter afin de rejoindre Chos Malal par un raccourci. C’est une importante cascade de 45 mètres de haut tombant dans un canyon formé par les successives coulées de lave.

Pendant ce temps, 9 condors planent entre les montagnes. C’est une région propice à son observation, nous ne les voyons pas d’aussi près qu’à Cruz del condor au Pérou, mais il y en a autant, et sans les cars de touristes!

Après toutes ces nuances de gris partout, ça fait du bien de voir un peu de couleur, non?

Après réflexion, vu le temps qui ne s’arrange pas, nous décidons de ne pas prendre cette piste raccourci. Elle fait 150 km, du ripio, et comme Andrea au village nous a dit que presque personne ne la prend pour aller à Chos Malal, on se dit qu’elle doit être abîmée, et s’il neige fort, aucun chasse neige ne viendra nous faire une piste dégagée, et il faudra attendre la fonte des neiges au printemps prochain pour nous retrouver et faire un remake des survivants dans la Cordillère des Andes: Et qui bouffera l’autre en premier???

Alors nous quittons ce parc Provincial par la même route qu’à l’aller, avec le sentiment d’avoir été là au tout dernier bon moment, avec le sentiment aussi d’avoir comme été témoins du commencement de notre monde, entre arbres millénaires qui poussaient là à la préhistoire et activité volcanique intense. Nous avons adoré visiter ce coin avec cette vision des choses.