SALINA GRANDE

26 Avril 09: Nous avons passé notre nuit un peu plus au Nord de Purmamarca à une altitude de 2600m,  afin de nous acclimater correctement pour la suite de notre parcours. La route 52 qui part sur l’Ouest pour rejoindre les Salines traverse une montagne dont le col se trouve à 4170m. Cette montée porte le nom de Cuesta Lipan. C’est une route vertigineuse et très sinueuse puisqu’elle grimpe à cette altitude en seulement 32 km! La côte ne nous permet pas de grimper rapidement, notre moyenne en montée étant de 20 km/h, ce qui permet à Thille de profiter du paysage presque aussi pleinement que moi, celui-ci étant grandiose. Bien sûr, vous allez dire que je me répète, que c’est beau et tralala mais je ne peux rien écrire d’autre, nous sommes émerveillés chaque jour par ce pays qui nous offre une liberté totale, des espaces géants, des bivouacs sauvages, des paysages en Technicolor.

Et là encore une surprise, après avoir passé le col sans que le camion présente de signe de faiblesse (c’est son premier col à + 4000, comme nous) nous sommes éblouis par une étendue blanche se détachant du décor, c’est comme une apparition, nous ne nous attendions pas à la voir de là-haut et nous sommes excités comme des gamins.

ça y est, nous sommes dans un décor complètement différent de tout ce que nous avions pu voir ici ou en Europe. Le soleil chauffe assez pour que Thille se torsenude et nous passons notre temps à faire des photos évidemment, à bricoler le camion, à éplucher nos épis de maïs achetés à Tumbaya, à faire des bonhommes de glaise, à cuisiner et à nous balader sur cette immense couche de sel qui sous nos pieds croustille comme des gâteaux secs. On s’occupe bien, quoi!

Nous guettons chaque variation de lumière car la Sierra del Cobre autour change ses couleurs ainsi que la saline elle même qui se contraste d’abord puis se réchauffe au coucher du soleil. Celui-ci s’accompagne de nuages menaçants et nous voyons la pluie tomber au loin. Cela donne encore plus de caractère à notre carte postale géante, le ciel est sculpté par un vent violent arrivé subitement et qui nous rappelle que nous sommes en Automne et surtout à 3600 m d’altitude, ce qui nous fait nous réfugier vite dans notre casita et replier la chambre de toit. La nuit tombe et nous sortons bien couverts assister à un spectacle pyrotechnique, les orages aux pieds des montagnes éclatent en éclairs violents mais silencieux qui illuminent la saline, c’est complètement hallucinant de se retrouver l’espace d’une demie seconde comme en plein jour. Nous observons la voie lactée tant que  nous pouvons supporter ce froid vif, les étoiles ici ne subissent pas la pollution lumineuse, c’est le noir complet, et cette soirée se termine en beauté sur une étoile filante énorme, la plus grosse, la plus près et la plus longue que nous ayons jamais vu. A tel point que nous questionnons sur l’origine de cette longue traînée de lumière, nous n’y connaissons rien, mais ne serait-ce pas plutôt un météorite traversant l’atmosphère? Nous aurions eu le temps de formuler 3 voeux si nous n’avions pas été hypnotisés la bouche ouverte...

27 Avril 09: La nuit à 3600 s’est bien passée. Le levé de soleil sur la saline est tout aussi merveilleux et nous décampons assez tôt pour rejoindre Susques à 80 km de là. Et aujourd’hui encore la nature nous gâte car nous apercevons nos premières vigognes, graciles et farouches. Je descends pour les capturer avec mon objectif, elles se laissent approcher tout en me surveillant, mais pas à moins de 50m de distance.

La route traverse la zone d’exploitation du sel et nous pouvons voir alors comment se fait la récolte. Cette couche de sel dont l’épaisseur varie entre 10 et 50 cm s’est créée par l’évaporation d’un lac à l’ère quaternaire. Les ouvriers utilisent toujours des techniques traditionnelles, ils creusent des petits trous dans la croûte et laissent décanter, ou ratissent avec des sortes de tracteurs et font des petits tas. Mais la plus dure façon de faire est de tailler des blocs à la hache pesants dans les 25 kg chacun.