EMBARQUEMENT

Nous avons tout préparé la veille, démontage du porte vélo et des vélos pour les ranger facilement dans le camion.

Nous nous buvons une bouteille de champagne (merci Renée et Jacques) car nous avons deux choses à célébrer, c’est la fête des amoureux et notre dernière nuit sur le port du Havre.

La nuit est longue, je ne dors pratiquement pas et gène Thille qui se réveille à cause de moi et me demande ce que j’ai à me tortiller. «Ben rien voyons!»

Réveil à 7h, on fait cadeau de notre bouteille de gaz achetée il y a deux jours à notre voisin de parking.

Les sacs sont prêts, on se dirige vers notre rêve:

PORT SUD

TERMINAL DE L’OCEAN

QUAI BOUGAINVILLE

Le lieu d’embarquement sonne comme l’adresse du père Noël pour moi.

On aperçois le Grande Buenos Aires au loin et la tension monte. J’ai le coeur serré et une boule au ventre. Le voilà:

Il est 10h du matin et je sors pour me renseigner auprès d’un homme sur la rampe d’embarquement. Il va nous indiquer où nous garer après avoir pris nos passeports et nos carnets de vaccination. Les papiers du véhicule ne l’ intéressent apparemment pas.

Nous sommes seuls avec un Unimog, grand cousin de notre Pinzgauer, embarqué à Hambourg.


Tout va très vite, le steward nous explique certaines règles à respecter à bord, il nous montre notre chambre, nous fait brièvement visiter les alentours et nous donne rendez vous  à 11h pour déjeuner. déjà. Pour ceux que ça intéresse, quelques images de notre lieu de séjour:

La salle de repos, de jeux, là où on prend le café

Salle de sport assez bien équipée, on s’entraîne!

La salle à manger

La cuisine avec le chef Napolitain: Michele.

La chambre est correcte, bien chauffée, seuls le rideau de douche moisi et la moquette crasseuse dénote un peu. C’est confortable, les lits superposés sont larges, nous avons un bureau, une armoire, des toilettes et une douche avec de l’eau bien bouillante.

A l’heure du repas, nous faisons la connaissance de nos compagnons de route; Kurt, un Allemand va voyager 6 mois avec son Unimog. Simoné, un Italien de Milan va parcourir le monde avec son sac à dos, en commençant par l’Amérique du Sud. Lucas, un Italien et Sandra sa belle fiancée Brésilienne ne nous ont pas encore confié leurs projets. Ils déjeunent à une autre table et ne parlent pas trop anglais. Nous mangeons dans la même salle que les officiers, Italiens et Pakistanais ou Indiens.

L’ambiance est bonne, les Italiens sont en force!

C’était très instructif et cela nous a bien occupés. Alors on en garde un peu pour la suite, nous visiterons la salle des machines, et la passerelle.


BILBAO, ESPAGNE. Le 17/02/09 . Aujourd’hui nous arrivons à Bilbao avec autorisation de sortie, les matelots nous avaient dit hier que nous arriverions à 15H, et à 15H, nous sommes à quai. Nous observons la manoeuvre de près, l’arrivée du pilote, l’accostage, l’amarrage.

Il fait très beau, nous avons bien plus chaud qu’au Havre, et c’est bien agréable de pouvoir rester sur le pont sans se geler les arpions, à regarder la mer, et de sentir à nouveau le soleil caresser le visage de sa douce chaleur. Nous n’avions pas senti cela depuis plusieurs mois, une météo inhabituelle, maussade et pluvieuse cette année dans le midi commençait à nous désespérer.

Les pilotes sont des acrobates...

Nous avons la permission de sortie jusqu’à minuit, alors Simoné, Kurt, Thille et moi décidons d’aller à terre car il est 16H, nous avons le temps. C’est presque une expédition: 30 min de marche soutenue pour accéder à la station des bus. La ville est loin du port, et le port est très étendu. D’ailleurs, le port ne se trouve pas à Bilbao, mais à Santurzi. Trois quart d’heure de bus pour arriver en centre ville. Il est déjà plus de 17H, alors nous cherchons vite un spot wifi. Pour les futur voyageurs, il faut se rendre dans le vieux Bilbao, à la plaza nueva, caséo viejo. C’est une place intérieure avec des terrasses de cafés,  le wifi y est gratuit. Je publie le site mais rapidement le froid nous tombe dessus, mes doigts n’articulent plus et les e-mails sont laborieux.

Nous décidons d’un resto que Thille a repéré en galopant partout dans la ville alors que je bricolais sur l’ordinateur.

C’est un restaurant bon marché qui nous a surprit par la qualité de ses plats. Des croquetas moelleuses et réconfortantes, de la bonne paëlla qui ne baigne pas dans l’huile, de la morue à la sauce pimentée et frémissante. Nous buvons pas mal de vin comme pour se rattraper du rationnement sur le bateau.

La soirée est agréable, on ne voit pas le temps passer et à 22H30 on réalise qu’il faut se bouger pour trouver un taxi, mais le patron sympa nous en appelle un qui arrive aussitôt devant la porte.

La partie amusante a été d’expliquer au chauffeur l’adresse du cargo! Simoné parle espagnol, tout repose sur lui. Le terminal maritima est fermé, le chauffeur nous dépose à 30 min à pied du bateau, et nous nous retrouvons nous aussi bloqués par une grande barrière fermée à clé. Pas d’autre choix que d’escalader les 2,30 m (oui on a mesuré!) sans prise pour les pieds. Thille me propulse en me poussant fesses. Et c’est là qu’on voit qu’on a pas assez de muscle dans les bras...ou qu’on est trop lourd! mais j’y arrive. Je ne suis pas la seule à galérer entre nous!!!

Il est presque minuit. On se faufile dans le navire, il ferme ses portes. Tout ça nous a bien fait rigoler, mais avec des embûches pareilles, on peut se retrouver dehors à regarder le cargo partir sous nos yeux... Nous quittons Bilbao à 1H du mat.

Nous, on aime bien les grues et les containers, c’est photogénique.

Notre prochaine escale sera Dakar, mais les matelots nous informent que nous arriverons le soir et repartirons le matin. On ne sait pas si ça vaudra le coup de sortir.

En attendant, 5 jours de mer nous en sépare, alors on s’occupe. Michele, le cuisinier nous a organisé une soirée pizza, c’est super sympa, le problème c’est qu’il nous le dit juste après notre copieux souper. En plus on n’y est pas allés de main morte sur les pâtes à la crème, la salade de pommes de terre au poulpe, la grosse tranche de roulé de viande hachée, plus la salade et les fruits, sans parler du pain trop bon. (c’est un peu trop glucidique comme repas, pas vrai maman?) Rendez-vous à 21H. On accepte bien volontiers en se demandant comment on va bien pouvoir ingurgiter une pizza en plus!!! Certains connaissent ma réputation et savent de quoi je suis capable, mais là, je ne dois pas exagérer. La moitié m’a suffit!

ça a papoté jusqu’à minuit, on était tous sur le mode international, Simoné traduisait dans sa tête le Napolitain en Italien, puis en anglais pour nous, moi je retraduisais en français pour Thille, Sandra parlait aussi en portugais pour faire plaisir au chef dont la femme est Brésilienne, il lui répondait dans un  italonapolitobrésilien à tomber par terre. Bref, c’était comique et bruyant!

Les journées passent vite finalement, même Thille ne s’ennuie pas, qui l’eut cru?

Entre les repas qui nous occupent une bonne partie du temps comme vous pouvez le constater, l’écriture, le sport, la lecture, les photos et l’observation de la mer, on ne s’ennuie pas.

D’ailleurs, aujourd’hui Jeudi 19 Février, nous voyons des dauphins, delphini, dolphins!!!!!!! On toctoc aux hublots des copains en faisant l’annonce. Tout le monde sur le pont!

Pas facile de prendre de belles photos en se précipitant, mais c’est déjà pas mal de les avoir vu.

Le reste du temps, nous observons les couchers de soleil, nous faisons la course avec d’autres cargos, (on gagne toujours!) bien que cela fasse deux jours sans en voir un seul.

20/02/09. Aujourd’hui, nous passerons entre les îles Canaries et l’Afrique. Nous ne verrons pas les côtes de l’Afrique, mais en attendant de voir les celles des îles, nous voyons 12 tortues et des baleines. Nous sommes gâtés, il y a aussi des globicéphales.

Le découpage de ces îles volcanique est très joli à observer, nous voyons tous les villages blancs à flanc de montagne, nous les longeons jusqu’au soir, avec une fois de plus un coucher de soleil merveilleux.

C’est une baleine un peu lointaine, on n’a pas eu beaucoup mieux.

21/02/09, nous sommes au large de la Mauritanie. Quelques chalutiers à l’horizon, et des fous de bassan nous accompagnent.

Le 21/02/09. Le soleil plombe, nous sommes au large de la Mauritanie, et ça y est, nous sommes cuits.

Pas un nuage à l’horizon, la journée se passe sur le pont à observer la mer, et une fois de plus, les dauphins sont au rendez-vous. Cette fois ci ils surfent et jouent dans le sillage du cargo. Le spectacle se renouvelle plusieurs fois dans la journée, on en peut plus de joie, en plus j’ai bien amélioré ma technique de photographie!

La journée se termine avec un super repas diététique spaghetti pizza beefsteak .

DAKAR, SENEGAL:

Nous approchons les côtes du Sénégal, une épave sur un récif témoigne de la force des courants à cet endroit. C’est un ciel pommelé, une mer argentée et un vent fort et froid qui nous accueillent à Dakar. Il est 17H, nous suivons la manœuvre tous ensemble sur le pont. Après le dîner, nous attendons le feu vert pour sortir. Les cuisiniers, Ali et Michele vont nous accompagner, c’est une escale qu’ils apprécient. Pendant qu’ils se pomponnent, nous discutons avec la police Sénégalaise, montée à bord : ils nous mettent en garde avec un sourire et un air satisfait que nous allons nous faire racketter. Ces mêmes policiers repartent avec des cartouches de cigarettes et des sodas sous le bras en guise de bakchich.

Avec Michele et Ali, nous sommes entre de bonnes mains. Ils connaissent les gars du port et les rues de la ville n’ont plus de secret pour eux. Quelques Sénégalais nous attendent à la sortie du cargo pour essayer de nous vendre des babioles et autres sculptures en bois. On imagine bien un éléphant dans notre petit camion !

D’un pas décidé, nous allons au cyber café ouvert la nuit, mais ils n’y font pas de change. Nous allons, Italiens oblige, au café de Rome, un endroit select où l’on peut jouer aux machines à sous, boire un verre, ou manger. Les plats qui nous passent sous le nez sont garnis de langoustes et sentent drôlement bon. Si le prix des plats est en rapport à celui des consommations, cela doit valoir le coup. Ici nous pouvons payer en Euros, ils rendent la monnaie en Francs CFA.

Nous testons bien sûr la bière locale, la FLAG, très bonne et légère. Cela nous fait assez de monnaie pour le cyber.

Nous allons passer une heure sur internet : 1 euro = 650 FCFA. 1H d’internet : 500 FCFA.

Envoyer des emails sur ces vieux ordinateurs à la connexion ultra lente nous crispe un peu. Il faut réapprendre la patience. Heureusement qu’on prépare les mails à l’avance, cela fait gagner du temps.

Thille n’en peut plus d’attendre, il s’embête pendant ce temps, surtout qu’est diffusé à la télé un match de foot du Sénégal. Tout ce qu’il aime, attendre en regardant du foot !!! hum hum.

Après que tout le monde ait fini, Michele nous emmène dans un autre endroit qui lui rappelle l’Italie : LA SCALA ! Mais je vous rassure, rien à voir avec celle de Milan !

C’est une boite de nuit pas trop nickel, des filles, lascives et sexy attendent… Certainement des célibataires, et des marins. D’ailleurs, nous y rencontrons tous les Indiens du grande Buenos Aires qui ont l’air de bien connaître les nanas du coin qui s’agglutinent autour d’eux. Kurt et Simoné ne peuvent s’empêcher de tailler la bavette avec des filles au bar, qui d’ailleurs, selon eux, s’expriment très bien en anglais. Les Sénégalais sont internationaux, ils nous abordent dans toutes les langues, ils s’adressent même en Portugais à Sandra pour la brancher, qui s’agrippe fort à son amoureux.

Nous retournons au cargo vers minuit. Michele en a assez, nous aussi. D’autant qu’il n’a plus longtemps à attendre avant de retrouver sa jolie femme Brésilienne qui nous rejoindra sur le cargo à Salvador de Bahia.

Les consommations coûtent plus du double qu’au café de Rome. Comme nous n’avons plus assez de monnaie locale, nous voulons payer avec un peu d’Euros ou Dollars. Le patron de la boite soutire à Michele 10 dollars et 5 euros sans lui rendre les 13000 FCFA qu’on lui avait donné avant. Impossible de discuter, c’est comme ça.

Nous rentrons en se faisant klaxonner par tous les taxis croisés, vu l’état de délabrement de ces taxis, il est préférable d’utiliser nos jambes, d’autant que la ville est à la sortie du port.

Une fois sur le cargo, nous prenons un peu l’air tous ensemble sur le pont pour observer les manutentions de déchargement des bagnoles déglinguées. Ils n’y vont pas de main morte, les pneus crissent, les pots d’échappement sont percés pour la plupart et nous promettent une bonne nuit bien bruyante, les cabines étant juste en dessous. Les voitures en piteux état au chargement le sont encore plus au déchargement.

Le pont supérieur est enfin dégagé, nous pourrons y circuler facilement maintenant, en faisant attention à ne pas glisser dans l’huile de moteur que les voitures laissaient fuir.

23/02, nous quittons le quai, escortés des barques de pêcheurs qui nous font coucou et suivent le cargo pour y attraper ce qui remonte à la surface dans le sillage. Le vent est toujours aussi frais, la mer moutonne et le ciel est brumeux. Ce n’est pas très agréable, alors on décide d’aller transpirer à la salle de sport, en regardant les cités d’or sur l’ordinateur. Ça fait passer le temps tout en pédalant. Nous n’avons que 4H de navigation pour rallier Banjul en Gambie en temps normal, mais il faut attendre que la marée monte dans le delta pour que l’on puisse y entrer. Nous n’arriverons au port que dans la soirée. On a froid, on remet les polaires. Les pêcheurs sur leurs petites barques, emmitouflés dans des K-way affrontant de si grosses vagues sont courageux. Ils sont loin de la côte.


BANJUL, GAMBIE. Lundi 23/02/09. 1€ = 33 Dalasis.

En approche de Banjul, des pêcheurs nous saluent au loin.

Arrivée dans la nuit. Quelques lumières scintillent, la ville ne semble pas étendue.

Mardi 24, après le petit déjeuné, nous avons l’autorisation de sortir toute la journée, retour demandé à 16H. à 9H, Kurt, Simone et moi sortons. Thille n’est pas branché pour une sortie pour le moment.

Un docker Gambien travaillant pour la Grimaldi nous conseille Abdul et Salomon, qui nous servirons de guides.

À la sortie du cargo, des pêcheurs voudraient bien vendre leurs poissons et leurs sceaux de crevettes. Des crevettes comme on n’en avait jamais vu, même en période de fêtes en France, les camarones ont l’air de bébés gambas à côté. ÉNORMES !

Le chef n’a pas voulu les acheter pour nous, ils en demandaient trop cher. Dommage…c’était toujours moins cher qu’en France, on aurait pu se cotiser. En revanche, il a acheté les seiches que nous mangerons ce soir.

Présentations chaleureuses, Salomon et Abdul nous souhaitent la bienvenue dans leur pays avec sincérité. Ils nous disent que les Gambiens sont très aimables et aiment recevoir des étrangers. Nous en avons eu confirmation. C’est une étape authentique, les personnes que nous croisons viennent nous serrer la main spontanément, nous demandent d’où nous venons, nous souhaitent la bienvenue. Les enfants font pareil, ils viennent vers nous pour nous serrer la main. C’est mignon. Je prends quelques photos de la ville sans être indiscrète et avec l’aval de Salomon qui nous dit qu’il n’y a aucun problème pour les photos, cela n’est pas mal perçu.

Kurt m’envie, il voudrait retourner au bateau prendre son appareil photo, il n’avait pas osé, l’équipage nous en avait dissuadé pour Dakar, mais n’ayant senti aucun danger, je ne les ai pas écoutés pour Banjul, et j’ai bien fait.

Nous retournons donc au cargo pour son appareil et je récupère Thille au passage pour qu’il ne loupe pas une étape aussi géniale.

Les gens sont très pauvres, bien sûr, mais il n’y a apparemment presque pas de mendicité. Tout le monde travaille un petit peu, les hommes bricolent leurs vieux, très vieux camions, les femmes, si belles, se promènent avec les bébés dans le dos, les enfants jouent ensemble et vendent des sucettes. Salomon nous dit que les gens ne sont pas stressés. La religion musulmane ne les empêche pas de se marier avec un ou une Catholique s’ils le souhaitent. Chacun son truc. Comme le dit si bien Abdul, ici, il y a 90% de musulmans, et 50% de catholiques !!!

Nous retournons au marché pour le faire visiter à Thille, il y a beaucoup plus de monde que ce matin. Les vendeurs nous proposent de regarder librement leur artisanat, mais n’insistent pas.

J’achète des piments frais, puis nous passons à travers le marché à la viande, bien glauque, puis à celui des poissons. Une odeur pestilentielle nous attaque les narines, pas du tout habituées au fumet de poisson pourri. On ne s’y attarde pas sans montrer notre gène. Les dames décortiquent les crevettes et laissent à terre les peaux, celles des jours précédents toujours en place, en décomposition.

Dans ce marché, il y a aussi le coin couture, tous les hommes se trouvent derrière leur machine et cousent du batik, le bruit de toutes ces machines nous font penser à une nuée de sauterelles en été.

Nos guides souhaitent nous emmener dans un bar, qui se trouve dans un quartier reculé de Banjul, la misère y est bien plus présente, et les petits enfants qui nous croisent nous caressent le bras au passage, en disant « TOUBAB » (blancs) car c’est rare d’en voir ici. Certains enfants en voient pour la première fois selon Salomon. (il exagère peut-être) Nous allons nous désaltérer dans un pub dans lequel on y passe de la musique locale, et où l’on y boit de la bière locale. Excellente. Nous passons un bon moment à écouter la musique gambienne et du bon reggae. De temps en temps un gamin passe la tête par la porte et lance un « Toubab ! »en riant, ça nous fait marrer.

Mes émotions sont mitigées... Ma famille va me manquer terriblement, l’idéal serait de pouvoir emmener tous les gens qu’on aime dans notre aventure.

Mais bon, l’excitation est à son apogée, nous longeons le quai sur lequel règne un intense activité car 2 cargos en plus du nôtre sont là pour être chargés de conteneurs. Les grues immenses les déplacent à une vitesse incroyable. On se croirait sur une plate forme dans un film de science fiction.

Le 16/02/09. On nous fait une petite formation sur la sécurité qui prendra l’après-midi. Cela fait une bonne occupation. On nous fait voir aussi un film sur la conduite à tenir en cas de piraterie ou d’acte de terrorisme sur un cargo. C’est rassurant! c’est une petite formalité selon eux, et c’est obligatoire.

On se regarde les uns les autres. Ensuite nous sortons pour un exercice de sauvetage. Un officier nous ouvre un canot de survie et nous déballe tout ce qu’il y a à l’intérieur: fusées de detresse, rations d’eau, de nourriture inbouffable mais consistante. (si si, j’y ai déjà goûté lors de la percussion d’une survie périmée au port de Toulon avec mes copains de la vieille Darse!) Dans ce cas, on se bat pour survivre, on ne se bat pas pour manger plus que les autres! Nous sommes maintenant parés en cas de naufrage.

CONAKRY, GUINEE. Mercredi 25/02/09.

Nous approchons de Conakry, les dauphins sont encore de la partie, ils s’éclatent et font des bonds dans les déferlantes du sillage. Je n’avais pas l’appareil mais c’est bien aussi de les regarder avec ses propres yeux et non pas derrière un objectif, qui nous fait louper ce beau spectacle en grand écran. Nous découvrons des îles magnifiques, du sable ocre, des cocotiers, des arbre à kapock ou cotton trees, et des baobabs. L’approche du port est moins idyllique, un vrai cimetière à bateau, des épaves un peu partout, et la pauvreté se distingue déjà du pont.

Au port règne une ambiance électrique, des gens se disputent, les voitures sont poussées avec un engin car elles ne fonctionnent pas, ça les défonce encore un peu plus. Des clandestins essayent de pénétrer à bord pour quitter la Guinée, ils sont repoussés par l’équipage, des hommes se battent, d’autres nous regardent d’en bas en montrant le poing. Pas de coucou comme en Gambie ou à Dakar.

Nous observons tout cela du haut du cargo alors que la nuit tombe, nous ne sortons pas, la tension est palpable et ce n’est pas conseillé de se balader la nuit à Conakry. Nous partons le lendemain vers 10H, deux clandestins ont réussi à se cacher dans le cargo, ils sont découvert alors que nous sommes déjà au large, nous ne savons pas ce qu’ils deviendront. C’est très triste.

FREETOWN, SIERRA LEONE. Jeudi 26/02/09. 4H de navigation pour arriver à Freetown, en Sierra Leone. Nous voyons tout d’abord de jolies villas à flan de colline, une belle végétation, des arbres immenses et massifs, des cotton trees, tout cela a l’air bien sympathique. Mais, rapidement nous nous apercevons que ce n’est qu’une toute petite partie de Freetown, nous voyons à présent des bidons ville, à la merci des vagues, construits sur des tas de déchets, la misère totale.

Nous souhaitons quand même sortir sauf Sandra,  essayer de trouver un marché, et un point internet. L’officier de port de Freetown nous demande d’abord 20$ chacun pour établir un pass. Nous refusons, après une courte négociation, cela tombe à 4$ par personne. On lui demande de nous trouver un taxi, il nous emmène à la rencontre d’un de ses potes qui va nous emmener en ville. La discussion vire mal, il essaye de nous extorquer de l’argent sur un ton très désagréable. Bien sûr nous paraissons très fortunés par rapport à eux, mais le ton employé est si agressif que Thille et moi décidons de remonter à bord. 60$ pour aller en ville à 3km, c’est trop. Kurt remonte nous chercher et nous dit qu’il a baissé à 6$ par personne aller retour, j’accepte de venir, sans grande conviction. Thille ne souhaite pas venir, la négociation agressive, il n’aime pas ça. Moi non plus, mais j’ai envie de voir ces arbres de près, et d’essayer d’avoir un peu de temps pour donner des nouvelles à nos familles. Le gars nous emmène enfin faire un tour, nous lui demandons de nous mener à une banque pour faire du change. La ville est dévastée, nous sommes bouche bée, les gens ont l’air stressés, agressifs, ils ne nous regardent pas d’un bon oeil. D’ailleurs, nous sommes les seuls toubab du coin. La guerre civile a rendu les gens aigris, on ne peut pas leur en vouloir.

Le change à la banque est très compliqué aussi, c’est une banque très classe, qui tranche avec ce qu’il y a autour, mais changer 100€ ne leur suffit pas, même là, il faut donner plus. L’homme nous demande 500€. Nous insistons et lui expliquons que nous ne serons à Freetown que quelques heures, que nous ne pourrons pas tout dépenser! d’ailleurs, que pourrions nous bien acheter? Il n’y a pas d’artisanat, le marché n’existe pas en tant que tel, ce ne sont que des étals partout, dans toutes les rues, avec des gens qui vont dans tous les sens, des voitures qui klaxonnent doublées par des mobylettes de chaque côté, des embouteillages indescriptibles, du ragga à tue tête émanant des enceintes énormes à vendre dans des échoppes, l’anarchie totale. Tout cela nous rend très anxieux, les regards dans notre voiture sont pesants et très sombres. Une demie heure pour changer 100€ avec photocopie de passeport, adresse, et signature. 1€ = 3780 Leones. Un gros paquet de biftons.

Nous demandons au chauffeur de nous conduire à un resto pour manger un bout et boire une bière locale. On se sent plus en sécurité dans ce resto, mais nous sommes tous choqués, et je ne mange pas. Les garçons se font plaisir quand même. Il est l’heure de rentrer, mais Kurt veut dépenser les sous en achetant du poisson, le chauffeur nous emmène dans la foule, la voiture coincée parmi les gens. Il sort et emmène Kurt. Quand nous le voyons disparaître dans la foule, nous sommes inquiets. Il revient bredouille et nous sommes content de le revoir. Cette fois ci on rentre, pas d’internet café, c’est fermé, de toute manière on ne trouve pas la porte d’entrée, lorsqu’on en trouve un sur la route du port. Le chauffeur, homme très sympathique qui n’ouvre la bouche que pour s’assurer que nous allons le payer, nous annonce que si on dépasse l’heure convenue de 5 minutes, il faudra payer plus. Retour au cargo, heureux de le retrouver.

Je ne raconte pas tout ça pour dire du mal de ce peuple dont nous ne connaissons pas vraiment l’histoire, nous n’avons pas eu une attitude déplacée envers eux, sauf peut-être d’être là, et nous ne sommes pas sortis pour faire du voyeurisme non plus, mais je souhaite prévenir les futurs voyageurs que cette escale n’a rien à voir avec celle de Banjul, qu’il ne vaut mieux pas sortir, c’est assez risqué et si j’avais su tout ça, je ne serais pas sortie.

Nous quittons cette nuit les côtes Africaines pour 5 jours de navigation.

Nous retournons en ville et croisons Lucas et Sandra par hasard, avec qui il y avait eu un problème de compréhension sur l’heure du rendez-vous. Sandra n’étant pas au top de sa forme est allée voir un docteur à Banjul pour pouvoir acheter des médicaments. Une expérience selon elle !!! Ils ont un guide avec eux aussi, donc on fini notre journée chacun de notre côté.

Un petit achat à un ami de Salomon pour faire plaisir, puis nous retournons tranquillement au bateau, les guides nous montre le sac de riz de 50 kg qu’ils souhaiteraient qu’on leur offre. Alors, en se disant au revoir chaleureusement, on leur donne de quoi en acheter deux pour qu’ils aient chacun le leur pour leur famille.

Nous garderons un souvenir impérissable de notre journée à Banjul, l’accueil est formidable, l’échange est sain, les gens sont beaux.