ANTOFAGASTA DE LA SIERRA

21 Mai: Nous voilà enfin à Antofagasta de la Sierra, où nous attendons devant la station service qui n’ouvre pas. Un gars sympa, Pablo, nous renseigne en attendant sur les routes du coin, et nous dissuade fortement de prendre celle que nous avions choisi pour rejoindre Fiambala au plus court. Une piste horrible, cailloux, bosses, sable, ne pas y penser la faire seuls. Le pompiste n’ouvrant pas sa station, nous allons manger à l’hôtel municipal un asado de lama, notre premier. Un goût d’agneau, très bon et toujours aussi copieux.

Un jeune viens nous chercher pour nous indiquer la maison d’un de ses potes qui vend de l’essence. Nous sommes obligés de faire le plein, même si le prix est deux fois plus cher que dans les stations service. Pas le choix si nous voulons continuer sans soucis. Je demande à nouveau pour cette fameuse route, il me dit la même chose, très dangereux seul, peu ou pas de passage, mauvais choix. Bon, dommage, on ira juste au campo de piedra Pomes, à 20 km dans cette horrible piste.

Nous trouvons à la sortie du village une belle lagune habitées de canards bruyants, mais c’est très agréable d’entendre les sons de la nature après toutes ces journées dans les déserts sans aucun bruit.

Je vais visiter le coin en grimpant la coulée de lave noire au bord de cette lagune, et y trouve à son sommet des ruines... précolombiennes? A ce qu’il paraît oui, il y en a beaucoup ici. La vue de là haut est très belle, on a une vue d’ensemble sur toute la lagune, et sur les deux volcans noirs, érigés au Sud de la ville tels deux sentinelles.

Nous quittons la lagune afin de nous rapprocher des volcans pour passer la nuit. Ces champs de lave noire sont impénétrables et donne un aspect lunaire au paysage. Nous passons la nuit sous la surveillance de ces volcans pour en voir la couleur au petit matin.

22 Mai: Nous partons direction le campo de piedra pomes, un champ de grosses pierres ponces blanches. En effet, la piste est mauvaise, tôle ondulée, cailloux, sable. Il y a 20km pour atteindre ce champ qui se trouve sur ce chemin qu’on voulait prendre, long de 160km. Nous ne pouvons pas aller jusqu’aux pierres ponces car le chemin tracé disparaît dans le sable, et avec notre poids, il est trop risqué de s‘aventurer seuls là dedans. Les gars du village avaient raison. Thille décide de s’arrêter à environ 5 ou 6 km du site, et préfère regarder sous notre coléoptère à roulettes si tout va bien car il a détecté une petite fuite au radiateur à huile ce matin tandis que je me mets en route pour une bonne marche jusqu’aux pierres.

Il fait très chaud mais je marche bien, les dunes de sable gris scintillent au soleil et je pense à mon amoureux que j’ai laissé tout seul avec le camion. En une heure j’arrive au début du champ et déjà je ne regrette pas d’avoir fait tout ce chemin.

Je suis complètement charmée par cet endroit et aurais voulu le partager avec Thille. Les premières pierres sont ocres mais j’aimerais bien voir les blanches qui sont plus loin, et déambule une heure entre ces gros rochers qui m’inspirent un beau bivouac, mais ce n’est malheureusement pas possible.

Je me prend en photo pour donner une échelle. C’est un vrai régal de se promener sur ces meringues géantes et y passerais bien plus de temps, traverser complètement ce champ immense , mais cela fait deux heures déjà que je suis partie alors je reprend le chemin du retour avec moins d’entrain qu’à l’aller.

A mi-parcours de mon retour, j'aperçois au loin notre camion roulant vers moi. Thille s’est inquiété et a regretté de me laisser partir seule. Il s’est imaginé n’importe quel problème, une entorse, une insolation, une perte d’orientation (moi? mais non...) ou même que j’aurais pu devenir le dîner du puma dont tout le monde parle ici... Bon, je suis bien là, et je ne partirai plus seule en rando dans ces déserts, promis.

Nous revenons sur nos pas pour bivouaquer au milieu des herbes de la pampa et dans la soirée, trois 4x4 venant de Cordoba s’arrêtent pour nous saluer. Ils ont fait cette piste horrible pour les nerfs et les véhicules mais si agréable aux yeux et nous ont confirmés s’être enlisés plusieurs fois et se sont tirés au treuil les uns les autres. Donc pas de regrets. Nous causons GPS et José, le leader voudrait nous vendre le sien, il est bien, mais il nous en propose le prix que je l’avais vu neuf en France. Bien tenté! On continuera à s’orienter avec le soleil. (et les accessoirement les cartes!)