Le PASO SAN-FRANCISCO

27 Mai: Nous avons mangé tous nos produits frais pour passer l’examen du contrôle sanitaire sans encombre. Nous partons léger en nourriture, plus rien dans les placards, juste de quoi tenir deux ou trois jours. Direction le Paso San-Francisco, le Chili. Nous avons envie d’océan, de fruits de mer. En attendant, c’est une route glaciale que nous grimpons, le vent souffle fort et froid. Les panneaux rigolos que nous croisons prouvent que c’est fréquent ici. Heureusement, les montagnes sont toujours aussi spectaculaires dans ce pays mais c’est dur de chauffer la cabine. La route est très bonne, mais complètement désertique, à perte de vue.

C’est une route jalonnée de volcans, dont le fameux Ojos del Salado, le volcan actif le plus haut d’Amérique du Sud, 6893m. Le froid nous pince violemment, bien plus que d’habitude, et le vent est très fort, nous ne tenons pas dehors, faire des photos est devenu un supplice. Mais le spectacle est saisissant. Ces volcans sont au niveau du poste frontière Argentin, que nous passons après une fouille de la cellule. Cela nous étonne car en général, les voyageurs sont fouillés en entrant dans un pays, pas trop en sortant.

Nous sommes à 4726m, nous ne ressentons aucun mal-être. La route continue de monter, nous dépassons les 5000. Toutes les rivières sont gelées.

Il faut faire 100 km avant de trouver le poste de douane Chilien, mais nous nous arrêtons avant pour passer la nuit, au bord de la laguna verde, à l’abri d’une baraque qui ne doit être ouverte que l’été pour accueillir les voyageurs campeurs. Il y a tellement de vent qu’il y a des vagues dans la lagune. Les eaux thermales fumantes ne nous inspirent pas, car la seule idée de sortir de l’eau nous surgèle d’avance. C’est horrible, nous restons prostrés dans la camionnette en essayant de faire fonctionner le chauffage. En vain, il n’a pas assez d’air pour l’allumer. Alors on allume la plaque au gaz, cela réchauffe l’atmosphère. On se prend à rêver de Fiambala à nouveau.

28 Mai: Nous nous réveillons tôt afin de profiter d’une accalmie de vent pour faire quelques photos de cette belle lagune sans vague. Au soleil il fait relativement bon, mais toujours pas assez pour nous immerger dans les bains chauds.

L’air est si sec ici que si un animal meurt assis, il le reste après sa mort. Nous sommes intrigués par ce squelette de vache aux côtés de ce cheval. Ils sont presque momifiés.

Il est temps de partir affronter non seulement le vent qui s’est levé, mais aussi les nuages qui nous ôtent tout espoir de réchauffement, puis les douaniers Chiliens, avec qui nous faisons ample connaissance puisque les formalités ont duré plus d’une heure trente. Il nous a fallu remplir trois documents différents, puis subir la fouille du contrôle sanitaire dans un hangar sans porte, en plein courant d’air. Expérience éprouvante. La fouille est minutieuse par endroit, trousses de toilette, caisse à outils, vêtements, boites... mais curieusement aucun placard du fond ni le coffre. Ils n’ont pas fait gaffe que c’étaient des placards. Ils ont quand même confisqué les noix de muscades, les piments oiseaux, la cardamome et le poivre. C’est vrai que le risque de contamination par le poivre destiné au moulin est très dangereux pour le pays! Bref, heureux d’en finir, nous fuyions cet endroit, les nuages de plus en plus épais, à se demander si nous n’allons pas recevoir la neige sur la tête. Les piquets sur le bord de la route sont hauts de + de 2m, afin de la signaler aux chasses neiges en cas de grosse chute.

ça donne froid, hein? Nous commençons à descendre, et nous ne ferons que descendre toute la journée pour nous rapprocher du niveau de la mer. En cours de route nous voyons une nouvelle sorte de curiosité géologique encore inconnue pour nous: une goutte d’eau tombée sur une aquarelle géante... une dilution de couleurs.

Voilà, les Andes Chiliennes sont derrière nous, nous sommes à Copiapo, petite ville, la première à avoir eu une ligne de chemin de fer en Amérique du Sud paraît-il. Nous y cherchons de l’argent car nous n’avons que des pesos Argentins. Les chiffres nous déroutent un peu, ils y en a beaucoup plus que sur les billets Argentins! Nous allons faire nos courses dans un hyper-marché et sommes surpris en en sortant de nous trouver dans le noir. Il est 18h30, nous avons reculé d’une heure, et étant plus à l’Ouest, le soleil se couche plus tôt. Nous n’aimons pas chercher un coin pour dormir la nuit, surtout que les routes ne sont pas éclairées et nos phares ne sont pas très lumineux, surtout depuis l’installation de grilles devant. Nous trouvons un bord de route et nous endormons «bercés» par le passage incessant des camions.