BUENOS-AIRES, 14 Mars 09

Nous arrivons a trouver le parking gardé indiqué par d’autres voyageurs sur le parking des Buquebus, à côté du port, face au Rio de la Plata, et face....à la frégate LIBERTAD!

Et oui, la frégate de l’école navale d’Argentine est arrivée à son poste d’amarrage le même jour que nous, nous l’avions vue au large de Santos. Cela sonne bien, LIBERTAD. C’est prometteur, c’est comme un signe.

Nous nous approchons et le chef cuisinier, Luis, nous invite à revenir vers 7h pour une visite particulière. Nous avions vu cette frégate lors de la Tall Ships’ Race en Juillet 2007 à Toulon, lorsque je travaillais au port. Nous n’avions pu la visiter faute de monde, alors cette fois ci nous prenons note du rendez vous.

L’accueil de Luis et de ses compagnons est surprenant, et dépasse ce que nous avions pu imaginer.

Nous descendons au carré des officiers et nous voilà submergés par les bières offertes par Luis et Martin, son «comme son fils» qui a 19 ans et commence sa carrière sur ce bateau.

Nous passons deux heures ensemble et prenons rendez vous pour les inviter au resto afin de les remercier.

Nous repartons en plus avec des cadeaux, des autocollants de la Frégate, des écussons, des CD, nous ne savons pas comment les remercier pour cet accueil si généreux. Beaucoup d’émotions pour cette première journée.

Dimanche 15 Mars :

Le marché des Antiquaires n’a lieu que le Dimanche, alors nous allons à pieds à San Telmo pour voir de quoi ça a l’air. Le quartier est très joli, mais le marché des antiquaires est un attrape touristes, tout y est hors de prix, les objets ne sont pas vraiment anciens, et nous entendons parler toutes les langues.

Ceci dit, c’est un beau marché et nous y passons un bon moment.

Le marché couvert aux fruits, viandes et légumes nous séduit plus, peut être parce qu’on a faim!

Nous décidons de poursuivre notre visite touristique au quartier de la Boca, célèbre pour son équipe de foot, Boca Junior, et par les couleurs et la décoration des façades qui donne à ce lieu une ambiance de cirque, la fantaisie des couleurs égale celle des habitants du quartier, tout est bien vivant. Nous sommes dans le «Caminito», le Montmartre de Paris.

Les serveurs accrochent les touristes pour venir manger dans leurs gargotes, les couples danseurs de tango font leur représentations, des bandes passent dans les rues tambours, chachas et tout ce qui peut faire du bruit dans les mains,  des enfants courent partout, bref, il y a de l’ ambiance et de la poésie, et on aime bien regarder cette fourmilière assis à une table en mangeant des empanadas.

Buenos-Aires est une ville animée, aérée, les avenues sont larges, voire très larges comme l’avenida 9 de Julio qui par endroit mesure 140m, les arbres sont beaux, il y a d’énormes caoutchoucs et des palos borrachos, ou «bois ivre» car il a l’aspect d’ une bouteille de chianti! Son tronc est parsemé d’épines, ses fleurs sont belles, roses et de grande taille. Les fruits ressemblent à de grosses courgettes, brunissent en mûrissant et éclatent en une belle boule de coton. C’est magnifique.

Nous aimons bien cette grande ville, et nous finissons cette belle journée avec un assado délicieux. Nous déchantons vite le lendemain, et oui, c’est lundi, et la circulation devient dense, les camions sont bruyants et crachent une fumée noire qui agresse les narines, les voitures roulent vite et n’importe comment, des travaux un peu partout embouteillent les rues, la poussière soulevée agresse les yeux, les rues piétonnes fourmillent de monde, il est difficile de se faufiler.

Et nous avons du boulot, il faut trouver une assurance pour la Bestiole, et ça, ce n’est pas une partie de plaisir. Nous nous faisons refouler à l’entrée de San Christobal Seguros, l’assurance que d’autres voyageurs ont prise pour leur camping car. Impossible de passer la barrière du vigile qui nous envois chez Zurich. Là même topo, la nana nous refuse sans expliquer vraiment pourquoi et ne sait pas nous orienter sur une autre assurance. Petit moment de blues, la barrière de langue nous frustre, alors nous décidons d’aller voir au point information de Puerto Madero où une dame très gentille nous avait renseigné en français Samedi dernier. Cette dame se prénomme Shila, et Shila est un ange. Elle téléphone à l’assurance puis nous annonce qu’elle nous accompagne là-bas pour comprendre ce qui se passe.

Nous prenons le bus ensemble, et arrive à faire comprendre au vigile tête de mule que nous voudrions parler à un commercial. Un peu de patience et un homme arrive et explique à Shila qu’ils n’assurent plus les camping cars depuis Décembre 2008. Celle-ci argumente et obtient qu’il demande une dérogation à son patron. Il revient quelques minutes plus tard en nous annonçant la bonne nouvelle, ils font une exception pour nous. Alors là, nous sommes rassurés, il faut courir à la banque retirer le liquide nécessaire, puis revenir payer l’assurance. OUF et mille fois merci Shila pour cette aide si précieuse. Reste plus qu’à débrouiller la question gaz. Ici, les bouteilles de gaz ne se vendent pas dans les stations services comme chez nous. En effet, les Portenos ont le gaz naturel dans toute la ville, pas besoin de bouteilles. Alors nous irons à l’usine en partant vers le Nord.

Quand je dis bois ivre, je ne parle pas de celui aux pieds verts, vous l’aurez compris!

Pour nous remettre de cette journée de course à travers la ville, nous invitons Luis et Martin au resto, ils choisissent une pizzeria Argentine, en nous prévenant qu’elles ne sont pas du tout faite à l’Italienne, mais qu’elle sont délicieuses. En effets, elles sont très chargées, la pâte est croustillante et épaisse, les produits sont frais. C’est vraiment réconfortant! Nous allons ensuite boire un verre dans une rue piétonne pour finir la soirée. Je dors debout. Impossible de payer la tournée, Luis nous explique que ce n’est pas à nous de le remercier, (à bon?) mais à lui, car c’est un honneur pour lui d’avoir des invités étrangers et qu’il est heureux que l’on soit là pour visiter son pays. Comme Shila le dit si bien les Argentins de Buenos-Aires descendent tous d’un bateau, (comme nous :-))et tout le monde à eu besoin d’aide à l’arrivée. La difficulté de vivre dans ce pays est telle qu’il faut bien se serrer les coudes pour remonter à la surface en période de crise. Et l’habitude est prise, lorsque quelqu’un à besoin d’aide, il faut être présent. Nous apprécions cet état d’esprit bien sûr.

Luis et Martin.

Luis travaille depuis 25 ans sur la Libertad, et a fait le tour du monde sur cette frégate plusieurs fois. Il parle un peu le français, l’allemand, très bien l’italien, la soirée est internationale. Martin a 19 ans et est second de cuisine, civil, il débute sur ce bateau. Il est de Cordoba et parle avec un joli accent chantant. On ne pige rien mais c’est chouette de l’entendre!

Luis nous invite à la fin de la semaine dans sa famille à la campagne, dans la région de Santa fé. Nous allons essayer d’y aller,il tient à nous faire goûter ses grillades et nous tenons à les goûter!

Nous disons aussi au revoir à Simone ce soir, il prend un bus demain matin pour Porto Allegre au Brésil, afin de commencer son voyage en solo avec son sac à dos autour du monde. Simone n’aime pas prendre racine et aime faire ce qu’il veut à l’heure qu’il veut, pas comme sur le cargo a manger à heures fixes. Bonne route Simone, nous avons aimé ta compagnie, and keep in touch!

Buenos-Aires est bruyante et fatigante, mais elle a un bel avantage, elle possède une réserve protégée pour les oiseaux au bord du Rio de la Plata à Puerto Madero, proche de notre stationnement. Et c’est là que les Portenos font leur jogging, de la bicyclette, grignotent à la pause déjeuner. Et c’est là que nous allons nous ressourcer à vélo tous les deux. Ici, les papillons papillonnent et les oiseaux gazouillent sans cesse. Les cigales s’en donnent à coeur joie car il fait très chaud en ce moment. Les moustiques sont de la partie aussi malheureusement. C’est devenu notre refuge en attendant de prendre la route.

Mercredi 18 Mars, nous faisons la connaissance de Jacqueline et de Jean-Paul, des Nantais qui reprennent le bateau pour rentrer en France après plusieurs mois de voyage en Amérique du Sud. Très aimables, ils nous proposent leur bouteille de gaz argentine dont ils n’auront plus l’utilité. C’est très gentil cela nous fait économiser la consigne. Nous irons demain en ville trouver un détendeur dans une ferreteria. Nous causons tard car ce couple a déjà bourlingué 40000m Km autour du monde, de Nantes à la Chine en camping car aller-retour, en passant par l’Inde, le Népal, l’Ouzbékistan et tant d’autres pays. C’est très intéressant de rencontrer des personnes avec de l’expérience dans ce genre de voyage.

Jeudi 19 Mars, nous trouvons le détendeur assez facilement contre toute attente et Thille bricole le raccord aussitôt. Nous voilà paré, mais nous nous arrêterons à l’usine de gaz indiquée par Shila demain pour combler la bouteille en gaz.

Nos nouveaux voisins ont une tuile, le bateau qu’ils devaient prendre doit passer par le Nigéria pour du fret, et les passagers ne sont plus acceptés, alors la compagnie leur fait prendre l’avion bientôt et ils doivent laisser leur camion entre les mains des douaniers. Il fera le voyage seul, ils sont inquiets.

Vendredi 20 Mars, ça y est, nous décollons très tôt après avoir dit au revoir à Kurt, direction San Antonio de Areco. Nous nous faisons arrêter pour notre premier contrôle de police. Nous sommes en règle, le policier fait bien tout le tour du camion pour vérifier nos autocollants réfléchissants. Heureusement que nous les avons acheté à Buenos-Aires. Le 90 pour les camions et le 110 pour les voitures sont obligatoires.  Ainsi que les bandes rouges réfléchissantes à l’arrière.

Nous dégottons un camping au bout d’une longue piste. C’est un camping en pleine nature au bord d’un rio, nous sommes les seuls clients et le calme des lieux nous enchante. Les perruches sont bavardes, et une multitude d’autres espèces d’oiseaux que nous ne pouvons identifier chantent dans leurs différentes langues d’oiseaux.

Nous n’entendons plus le vacarme de la ville et ça nous fait vraiment du bien. Pour couronner le tout, il y a une grande piscine pour nous tout seul. Une sieste au bord de l’eau s’impose.

Le beau temps que nous avons depuis le début du voyage nous permet d’observer les étoiles, et ici, nous sommes plongés dans cet océan brillant.

Les grillons remplacent la cacophonie des perruches et des rapaces. C’est plus doux, c’est parfais pour une bonne nuit de repos.

En effet, la nuit a été bienfaisante, nous sommes requinqués et nous allons visiter le petit village ou pueblito San Antonio de Areco.

Nous nous garons sous d’énormes eucalyptus au bord d’un grand parc, il y a une réserve d’eau et les enfants du coin se baignent.

Ce village est très paisible, pas besoin de courir sur le passage piéton, les voitures s’arrêtent. Pas besoin d’attacher son vélo, personne ne le fait. Cela nous impressionne. Du coup, on ne ferme pas le camion. Les maisonnettes du quartier environnant sont cachées par la végétation, c’est tellement arboré qu’on les voit à peine. Pourtant, elles sont si jolies!

Ici, les artisans travaillent l’argent, les poignards, les bijoux et les accessoires pour l’équitation sont tous fait à la main dans les ateliers de chaque magasin. Les prix pratiqués aussi sont bien différents de ceux de la grande ville.

Nous nous offrons donc un assado avec une bonne bouteille de vin dans un resto-snack  qui ne paye pas de mine, en revanche, les viandes qui grillent sur la terrasse ont de la gueule. C’est bien sûr ce qui nous a fait entrer là. Ici, nous comprenons maintenant pourquoi il n’y a pas de poivre sur les tables. Depuis notre arrivée, nous nous étonnons de ne pas en trouver, que ce soit dans des petits boui-bouis ou dans un vrai restaurant de classe. Et oui, la viande est si savoureuse, que même le sel est inutile. Notre appétit carnivore est assouvi pour un bon moment. La dose de viande présentée sur un mini barbecue à braises est si importante qu’il faut choisir entre les frites ou la viande. Le mieux est de prendre une salade pour faire glisser. Pas de dessert vous pensez bien.


Après ce repas gargantuesque, Thille a éprouvé le besoin de s’allonger à l’ombre sous le camion!!

Hier à l’entrée du village, nous avons été arrêté par un couple Argentin, Juan et Maria, dans une belle vieille voiture de course. Notre camion les a interpellé et nous avons discuté un petit moment. Nous avons échangé nos e-mails, et ce matin, nous en recevons un de leur part nous annonçant qu’une petite fête se prépare dans un village à 18 km du camping, à Villa Lia. Nous y allons en repérage avant de rentrer au camping. C’est un minuscule village qui n’est joignable que par des pistes. Nous apprenons que la fiesta ne commence qu’à 5H, alors nous retournons au camping prendre une douche avant de ressortir. Les pistes ne sont que poussière. Il n’a pas plu depuis un moment, et les ornières creusées par les véhicules promettent de la belle gadoue les jours de pluie. D’ailleurs le camping propose les service de son tracteur pour désenbourber les voitures moyennant quelques pesos. Notre camion est déjà bien sale, la poussière s’infiltre de partout, surtout dans la cabine. Bonjour les crottes de nez!!!

Voici quelques rues de San Antonio de Areco.

Le paysage est verdoyant, les champs de soja sont clôturés par de grands arbres, surtout des eucalyptus qui doivent aimer l’eau des rios si nombreux dans ces patlins. Les chevaux ont l’air d’être en liberté, nous en croisons sur les pistes. Nous avons même croisé un nandou. Sauvage? ce n’est pas trop la région pour ces animaux, mais je ne m’y connais pas en nandou après tout.

Nous retournons à Villa Lia pour la fête, il y a un marché artisanal, vraiment artisanal, les personnes travaillent sur leurs stands, argent, tricot, bijoux...

Les barbecues se préparent, les saucisses grillent, la musique est entraînante. Mais nous comprenons que le plus gros de la fête se déroulera demain en voyant les énormes pièces de viande sur les remorques. Elles vont mariner dans du sel et du vin blanc toute la nuit et commencera à cuire dès le petit matin.

C’est la fête aussi dans la famille en France, ce soir, on fête les 40 ans e David! A la tienne et amusez vous bien! Nous sommes avec vous par la pensée.

Il y a là 5 vaches sur cette remorque. Ce n’est pas la fête des animaux ce qu’il y a de sûr!

Nous ne rentrons pas trop tard afin de se lever tôt pour se rendre chez Luis.

Dimanche 22/03/09: Nous rassemblons nos affaires après une nuit un peu agitée car les Argentins font la fête aussi dans les campings le week-end, il y a un peu plus de monde aujourd’hui. On peut vous dire qu’ils n’écoutent pas que du Tango!!! Mais ce n’était pas gênant. Les Portenos ont besoin de décompresser de la vie à la ville et on les comprend.

Un couple s’approche en faisant des cercles de plus en plus rapprochés autour du camion. Lorsque nous leur disons de venir regarder dedans, leurs visages s’illuminent. On papote, d’autres arrivent puis c’est un défilé, Thille fait la visite, ouvre et ferme la tente de toit au moins 10 fois. Ils sont trop mignons, un homme nous demande la permission de prendre des photos, alors d’autres en font autant. C’est très sympa, nous parlons du mieux que nous pouvons et on se comprend bien. C’est de l’entraînement, mieux que dans les livres de leçons d’espagnol.

Un vieil homme qui était déjà venu nous saluer hier vient nous chercher, et nous demande «un momentito» pour nous faire visiter sa maisonnette dans le camping.  Toutes les personnes installées ici pendant les vacances vivent ou vivaient à Buenos-Aires et trouvent refuge ici. Alors chacun a aménagé sa parcelle à son goût. Les petites maisons sont mignonnes et les jardins bien entretenus.

Il nous présente sa femme qui nous prépare le maté, c’est notre première fois! Le maté est une tradition qui traverse les générations, tout le monde ici, quelque soit l’âge, en boit. Lorsqu’ils ont un moment libre, ils sortent avec le thermos, le maté et la bombilla. ( C’est une paille en métal joliment décorée dont le bout filtre l’herbe à maté, c’est ingénieux, pas besoin de passe thé.) Chacun son style, ça se boit dans une petite calebasse, ou dans un petit récipient en bois recouvert d’argent, ou dans une tasse tout simplement. Nous buvons tous à la même bombilla, le maté, on fait tourner!

Cela nous plaît, cela un goût d’herbe fraîchement coupée en été, c’est comme si on se trouvait subitement allongé sur le dos dans un champs de pâquerettes à regarder les nuages au soleil, c’est un tourbillons d’images qui rappellent les bons moments des vacances à la campagne.

Il nous propose un tour pour que nous en voyons un peu plus, nous longeons le rio dans la forêt, nous fait asseoir sur un vieux tronc mort d'eucalyptus et nous dit que c’est ici qu’il vient écouter le chant de la colombe. Il nous montre aussi les petits rapides dans lesquels il vient faire de l’hydromassage.

Nous sommes enchanté de l’interêt que nous portent les personne ici, on se réconcilie avec les être humain. ça fait du bien.

Tout cela nous fait partir du camping à regrets, à midi au lieu de 9 heures. On serait bien resté plus du coup.

Notre amie la chienne du camping ne nous a pas lâché d’une semelle, elle avait 6 petits planqués sous une caravane. Ils étaient si mignons qu’on serait bien reparti avec une petite mascotte!