ATAMISQUI

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4 Avril 2009: Lorsque nous étions encore à Ceres, un des musiciens, Nacho, nous a parlé d’un homme qu’il fallait qu’on rencontre à Atamisqui, un pueblito minuscule au bout d’une longue piste bordée de grands cactus. Cet homme est Elpidio Herrera. Il est l’inventeur de la Sacha Guitarra, une sorte de guitarre dont la caisse est une calebasse. On en joue avec un petit archet qui se loge dans un petit trou prévu sous les cordes pour faciliter le mouvement, et que l’on laisse à l'intérieur lorsqu’on se sert de ses doigts. C’est une guitare violon. Très peu de personnes en jouent dans le monde, et Elpidio est connu en Allemagne et aux Etats-Unis où il a joué en concert.

Walter, de Ceres, m’a offert un CD original de cet homme.

Nous prenons donc la route pour Atamisqui, une route rectiligne et semi aride, les cactus sont de plus en plus nombreux et de plus en plus majestueux. Les salines que nous traversons nous donnent un avant goût des déserts du Nord que nous verrons plus tard. Le bleu du ciel se reflète dans la chaleur de l'asphalte et ondule comme un mirage. Il fait 40°. Nous découvrons plusieurs chevaux et vaches mortes desséchée par le sel et la chaleur. Ils ont sûrement été percutés par des voitures qui profitent ici des lignes droites pour faire de la vitesse.

Des enfants sur le bord de la route vendent du bois de cactus, des tortues vivantes et des tissages magnifiques.

Atamisqui est vraiment petit, nous faisons le tour en camion pour avoir un aperçu, et c’est vite fait! Nous nous arrêtons au supermercado et allons nous désaltérer au petit bar à côté. Les femmes qui nous servent nous prennent pour des missionnaires de Buenos-Aires! Lorsqu’on leur parle un peu plus, elles comprennent que nous ne sommes pas Argentins. Elles nous prennent alors pour des missionnaires Allemands!!! Nous leurs expliquons notre voyage et alors là, elles nous offrent une bière pour la peine, et nous discutons, très étonnées de voir deux français faisant du tourisme ici, c’est bien la première fois que ça arrive!

Elles sont charmantes et rigolotes, et Suzanna nous invite chez elle ce soir. Elle nous dit bien de n’accepter aucune autre invitation, ce soir, c’est chez elle avec sa copine Fanny et d’autres amis. Elle nous fera un asado!

Je profite de la conversation pour placer que nous souhaiterions rencontrer Elpidio, que c’est pour ça que nous sommes dans ce coin perdu. Pas de problème, il est très connu ici, la fille de Suzanna, Cécilia va nous conduire à lui.

Ce village possède une jolie église qui reçoit beaucoup de missionnaires Allemands entre autre, et le curé est français, c’est le padre Emilio. Nous allons le chercher à l’église pour l’inviter ce soir mais on nous dit qu’il est au champ.

Cécilia, Fanny et Suzanna.

Nous partons avec Cécilia à la rencontre d’Elpidio. Il a son petit musée à lui et nous le fait visiter en personne. Il est agréable et nous présente son instrument, en joue un peu pour nous montrer son fonctionnement. Il convie ses petits enfants pour nous faire une petite démonstration, un à la guitare sèche, un au tambour et Elpidio à la Sacha guitarra. C’est impressionnant de voir la dextérité de ses doigts.

Le petit musée présente des coupures de journaux, des photos de lui avec l’ancien président Argentin, ou avec d’autres personnalités d’ici. Nous sommes très honorés de le rencontrer et surtout nous le remercions de nous avoir fait le plaisir de jouer pour nous.

Nous allons ensuite chez Suzanna et elle nous propose d’occuper la salle de bain, ce que nous faisons volontiers, puis nous la laissons faire la sieste réglementaire et allons chercher de la viande et du vin pour ce soir. Le père Emilio est toujours en vadrouille. On laisse le message aux jeunes filles en train de faire leurs devoirs de catéchisme. Le pueblo est désert à l’heure de la sieste, nous y sommes seuls avec quelques chiens errants.

Le tour est vite fait, alors on va se faire une sieste aussi après tout.

Un ami de Suzanna arrive pour préparer le feu, puis Fanny et son fils arrivent. Un autre de leurs amis arrive avec sa fille et nous chantent des chansons en coeur. Il y a toujours quelqu’un pour jouer de la guitare dans ce pays, et ils nous impressionnent tant leur répertoire de chansons est grand. Toujours des chansons typiques de la région de Santiago. Comme d’habitude le repas est excellent, l’ambiance aussi, Suzanna et Fanny étant deux bonnes vivantes.

Nous passons la nuit dans son jardin mais elle fût agitée, des dizaines de coqs ont chantés toute la nuit, mais ce n’est rien à côté des voisins qui ont laissé la musique à fond toute la nuit, nous y avons eu droit jusqu’à notre départ vers 11h. Nous remercions bien chaleureusement Suzanna, nous téléphonons à Fanny mais elle dort encore, ses voisins sont sûrement moins bruyants. Nous n’aurons pas eu la visite du père Emilio, il n’aura sans doute pas eu le message. Nous partons donc aujourd’hui en direction de Santiago et de Termas del Rio Hondo.