En pays Mapuche

9 Novembre: Toujours accompagnés de la Tribu Marcadier, nous traversons le Parc National Nahuel Huapi (île du tigre en Mapuche) en direction de Villa la Angostura, la ville frontière pour passer au Chili.

Nous nous trouvons un nouveau camping libre, et à chaque fois que nous dégotons un bivouac superbe, nous pensons ne pas pouvoir trouver plus beau la prochaine fois, mais si, la beauté des sites monte en puissance, nous sommes au bord d’un torrent qui se déverse dans un lac bleu azur. La plage de sable doux sert de terrain de jeu aux enfants, et nous, les grands, on cogite à ce que nous allons bien pouvoir faire à manger pour écouler le stock de nourriture que nous avons avant de passer la douane Chilienne très pointilleuse sur le sujet.

Tous les voyageurs en Amérique du Sud ont un souvenir au goût amer après avoir passé une douane Chilienne. En effet, tous les produits frais, les graines, les épices, les objets d’artisanat faits de bois, d’os ou de corne sont interdits, alors on s’active à la cuisine, crêpes, salades, patates sautées, compotes, sandwiches jambon fromage... mais nous ne pouvons pas tout manger, et cette orgie de nourriture nous tombe sur l’estomac. On essaye de planquer sans vraiment que ça ait l’air planqué au cas où ils trouveraient car nous possédons pas mal de choses qu’ils se feraient un plaisir de nous confisquer.

10 Novembre: Jour J, nous déjeunons copieusement pour en finir avec nos restes, et commençons une ascension douce qui nous mène au col du paso Cardenal Samoré, 1308 m, et nous sommes entourés de neige et d’arbres couverts de lichens. Nous avons à nouveau traversé les Andes.

Puis nous voilà soumis à la fouille par les douaniers. Ceux-ci sont moins intrusifs que lors de notre premier passage l’an dernier et n’inspectent de près que le frigo et les placards à épicerie.

Ils nous soulagent quand même d’une belle racine de gingembre et de nos raisins secs.

Les Marcadier, eux, ne se font délester que de leurs pommes et à notre grande surprise, ils leur ont laissé la crème fraîche et le miel d’Argentine, produits hautement dangereux et interdits sur le territoire Chilien. On ne comprend rien mais on ne va pas se plaindre. Sur ce, ils nous félicitent d’avoir déclaré que nous avions des produits d’origine animale ou végétale et nous souhaitent bon voyage.

Le volcan Osorno (2660 m )se dresse à notre gauche, cône magnifique qui nous souhaite la bienvenue au Chili.

Nous pensons que son frère pointu est le volcan Puntiagudo (2490 m) en regardant sur la carte. Chaleur faisant, il nous faut trouver un bord de lac, qui ne manquent pas non plus ici, pour se rafraîchir. Nous nous installons au bord du lago Rupanco surplombé par nos deux volcans devant lesquels nous sommes en admiration totale.

Nous attendons même le coucher de soleil avec impatience pour les voir se teinter de rose. En attendant nous prenons un verre sur la plage en pensant à notre journée de demain qui aboutira sur l’île de Chiloe.

Les jours rallongent puisque nous sommes au printemps et ce n’est que vers 20h30 que le spectacle commence. Nous savons que nous avons de la chance pour le temps car avec un ciel couvert, nous n’aurions jamais soupçonné l’existence de ces deux magnifiques volcans et aurions loupé une belle occasion de se baigner dans un cadre comme celui-ci.

En voyageant dans ces régions d’une beauté incomparable, nous pensons que le peuple Mapuche  «peuple de la terre» en langue Mapudungun, avait bien choisi les régions où s’établir. Depuis que nous sommes entrés dans les provinces Chubut et Rio Negro en Argentine, nous sommes sur les territoires qu’ils revendiquent comme étant les leurs puisqu’ils en ont été chassés cruellement par les Chiliens et les Argentins vers 1880.

Avant eux, les Incas, puis les Conquistadores essayèrent en vain de les soumettre, ce peuple résista à trois siècles de guerre avec une force féroce mais finirent pas perdre leurs droits et leurs terres. Ils se sont peu à peu intégrés à la population malgré des relations plus ou moins tumultueuses avec les gouvernements. Ils vivent aujourd’hui en communautés et travaillent la terre, font de l’élevage et de l’artisanat.  La culture Indienne subsiste néanmoins, les Mapuches continuent une guerre, celle de la conservation de leur mode de vie et leurs traditions ancestrales ainsi que la revalorisation de leur culture et la récupération de parcelles de terre.

Drapeau Mapuche