DE MOYOBAMBA A TARAPOTO

26 Novembre: Notre route doit nous mener jusqu’à Tarapoto, une route de montagne humide et chaude, avec une végétation tropicale. La pluie nous accompagne un moment, puis s’arrête enfin et nous laisse découvrir au loin des cascades immenses dévalant la montagne. La route est défoncée par endroit, le terrain est glissant et le goudron part avec, ce qui occasionne quelques arrêts pour travaux.

Nous suivons un moment un camion dont l’arrière est décoré de guirlandes d’épineux. Ceci pour éviter les brigands de grimper dessus et piquer la marchandises. Cela nous rappelle la panaméricaine sur laquelle pratiquement tous les camions se protégeaient ainsi. En cas d’accident cela ne suffit pas, nous sommes passés une fois devant un semi-remorque fraîchement renversé sur la route juste devant des baraques habitées... Les habitants du coin étaient tous là à dévaliser la cargaison de couches bébé devant un flic impuissant qui se grattait la tête en regardant le manège. Une centaine de personnes dont un autre camion arrêté pour l’occasion afin d’en remplir sa remorque étaient là à se partager le butin.

Nous ne faisons plus que de la descente et sommes presque à la porte de la province du Loreto, c’est à dire du bassin amazonien. Les maisons sont recouvertes de palmes, il fait très chaud, des bananes mûrissent pendues à presque toutes les maisons, les enfants se baignent dans le fleuve, et les rizières nous éblouissent d’un vert presque fluorescent.

Puis nous arrivons à Moyobamba, une petite ville renommée pour ses orchidées. En effet, sur toute la route nous avons pu en voir accrochées aux rochers, sauvages, et beaucoup moins timides que celles de la route de Chachapoyas. Nous allons voir aux thermes si nous pouvons y passer la nuit, mais le parking ferme à 23h et nous n’avons pas l’autorisation d’y dormir. De plus, toute la jeunesse de la ville vient s’y baigner mais pas seulement, ils jouent au foot, rient, crient, sautent dans les piscines, mettent la musique à fond, font ronfler les moteurs des mobylettes, des vrais Sud Américains!!! Donc nous aurions passé une soirée agitée. Nous allons en face, dans un lodge demander la charité. L’endroit est magnifique et à notre grande joie, les propriétaires nous acceptent sur leur pelouse sous un grand arbre colonisé par des oiseaux tisserands au chant particulier très dépaysant.

Et comme l’entrée des thermes est quasi gratuite, nous y allons pour y prendre une douche. L’eau qui coule ici sort à plus de 40°, ce qui n’est pas engageant par une chaleur pareille, mais l’endroit plaît beaucoup aux habitants qui s’y trempent pour ses vertus curatives.

Et oui, il y a aussi des eaux chaudes à altitude zéro, pas seulement en montagne près des volcans!

27 Novembre: Nous partons tôt et passons devant un musée des orchidées en plein air. Les orchidées sont dans leur milieu naturel, un jardin désorganisé qui nous laisse l’impression d’être dans une forêt enchantée fleurie. La jeune fille qui nous fait faire le tour du propriétaire les connaît toutes, et il y en a un nombre impressionnant de différentes dont de très particulières dont la forme à donné le nom, comme l’orchidée ange, ou colibri...

Nous ne sommes plus très loin de Tarapoto et y sommes rapidement. La ville par elle offre peu d’intérêt, nous y allons surtout pour trouver un avion qui nous emmènerait à Puccallpa, d’où nous descendrions l’Ucayalli. Après un petit tour, nous allons à l’aéroport et trouvons, ou plutôt un gars, Marco, nous trouve tout de suite pour nous proposer un vol tout à fait dans nos cordes. Nous venons avec nos camions sur le parking de l’aéroport pour y squatter jusqu’à demain en attendant notre avion prévu à 15h. C’est génial, il y a le wifi, et c’est plutôt calme étant donné la petite activité de cet aéroport, deux avions par jour.

28 Novembre: Un type vient nous chercher à nos véhicules à 7h30 du matin pour nous dire qu’il y a un vol à 10h du mat, et qu’il faut qu’on paye le billet à 8h. Au passage il nous demande avec qui nous avions traité hier, nous lui répondons que nous avons fait la connaissance de Marco. Ok nous dit-il. Nous arrivons au comptoir, nous payons nos billets et Marco arrive, très en colère de nous voir à ce comptoir avec ce mec. Nous comprenons qu’il vient de se faire doubler par une autre petite compagnie qui nous a «volé» à Marco, et sa commission avec. Nous lui expliquons que nous pensions que ce gars était venu de sa part. Mais Marco fait la gueule. La dispute ne fini pas en bagarre à notre grand étonnement car un coup pareil en France, le type aurait prit un poing dans la gueule.

Nous speedons donc pour faire les bagages, 10h arrive, pas d’avion, problème technique nous dit on. Il viendra à 11H30. 11H30, point d’avion, on nous dit qu’il part seulement de Pucallpa, il sera donc là à 13H. 13H arrive, pas d’avion, soit disant trop de pluie à Pucallpa, il arrivera à 14H. 14H, il arrive tout de suite!!! finalement 15H arrive, Marco nous passe devant un grand sourire aux lèvres, nous narguant sur l’horaire de l’avion en nous faisant remarquer que lui, il n’avait pas menti. Et oui, on s’est fait roulé sur ce coup, l’avion de 10H n’existait pas, c’était pour nous faire acheter les biftons vite vite avant que Marco n’arrive...

Nous voilà donc à bord du CESSNA avec lequel nous allons survoler la forêt amazonienne. Un dernier regard à notre camionnette, moi super inquiète malgré ce qu’en disent les gardiens du parking.

Le temps est dégagé, et la vue envoûtante. L’Amazonie vue d’en haut, les méandres du fleuves tels des rubans rompent la monochromie de la forêt. Le soleil déclinant fait briller le fleuve et lui donne des couleurs argentées, c’est magnifique.

Nous arrivons à Pucallpa après 1h de vol complètement sourds du bruit des hélices mais encore enivrés par tant de beauté.

29 Novembre: Pucallpa, ville portuaire. Les touristes n’y viennent que pour trouver une embarcation en direction d’Iquitos, ce que nous sommes venus faire. Nous nous rendons donc au port dont l’ambiance est moyenâgeuse, effervescence des marchés, cantines ambulantes, marchands de hamacs, livreurs de bananes, maisons de bois délabrées, filles légèrement vêtues, des garçons les sifflent. Nous marchons à travers des décharges et des égouts noirs et malodorants à ciel ouvert dans des ruelles défoncées et bordées de poubelles que les chiens éparpillent.

Nous trouvons la «capitainerie», enfin, un bureau en bois. Il y a trois cargos. La vieille chiotte devant nous part demain. Nous la visitons, mais elle est aussi délabrée à l’intérieur qu’à l’extérieur et les matelas des cabines nous laisserons à coup sûr la galle plutôt que de bons souvenirs. Nous refusons d’embarquer là dessus. Nous voulons vois les autres, mais ils ne partent que Samedi ou Dimanche nous disent les types. Habitués aux mensonges des commerçants, nous demandons au «maître de port» qui nous dit que le bateau qui nous plaît mieux partira Mercredi. Nous sommes prêts à attendre Mercredi car nous sommes Dimanche et notre hôtel est agréable, propre et bon marché. Nous visitons donc le GILMER I dont les cabines matrimoniales nous plaisent beaucoup plus, propres avec un bon matelas. Nous négocions le prix et avons la matrimoniale avec douches et toilettes privés pour pratiquement le prix de cabines aux lits superposés sans toilettes et sans fenêtre.

Nous observons les gars décharger des camions de machines à laver sur le dos, chacun la sienne, puis des plaques énormes de contreplaqué, ou des matelas... tels des fourmis, ils chargerons ce cargo pratiquement tout à la main durant 4 jours.

Nous partons visiter Yarinacocha, un village de natifs Shipibos, des Indiens de l’Ucayalli dont l’artisanat est connu pour les broderies et bijoux de perles que font les femmes.

L’ambiance est toute autre, des bars et boui-bouis qui font des concours de son présentant des mets plutôt nouveaux pour nous. Des poissons grillent, surtout des piranhas, ainsi que des brochettes de tortue ou de la soupe servie dans la carapace même.

Ce village se situe autour d’un lac dont les rabatteurs s’empressent d’essayer de nous y vendre une excursion dans leur pirogue.

30 Novembre: Nous venons voir à tout hasard si notre cargo est toujours là. Il est là et affiche même un départ pour aujourd’hui, 15H. Mais c’est du bidon, c’est pour faire acheter les cabines aux touristes, pour ne pas les laisser choisir un autre cargo, nous ne partirons que Mercredi comme prévu. Super, il n’y a rien à faire à Pucallpa, on va s’éclater. On glande, on joue à la belote, on se tape une pizza au feu de bois, chose rare au pays.

1er Décembre: Ce matin le gars du bateau vient nous voir à l’hôtel pour nous dire que le bateau partira demain après-midi. Alors on a une idée, l’hôtel d’en face est un 3 étoiles et à une piscine, nous leur demandons s’il est possible d’y passer le temps, ils acceptent à condition que l’on consomme. Pa ni pwoblem, nous sommes des consommateurs, et il fait très chaud.

2 Décembre: Jour J. Va t’on partir enfin? Nous allons au port en quête d’info, et oui, nous partons aujourd’hui, enfin, ce soir. Nous embarquons et occupons nos cabines, nous avons même un ventilateur qui sera bien apprécié!

Le pont inférieur est rempli de hamacs, des familles entières avec toutes leurs affaires. Des ambulants passent entre les hamacs et vendent toutes sortes de choses, des tongues, des ficelles, des humitas, des boissons, des paniers repas...

Nous accrochons nos hamacs pour la sieste et observons le fleuve dont le courant va à une allure folle. Il charrie des tonnes de troncs d’arbres et de végétation formant des radeaux de verdure dérivants.

Des pirogues restent parfois prisonnières des arbres.

Le courant va si fort qu’en demi sommeil dans les hamacs, nous ne savons plus si c’est le courant ou le bateau qui avance.

Sans grande surprise, nous apprenons que nous ne partons plus à 5H ce soir mais à 9H, demain. Bon, il ne reste plus qu’à se taper une cerveza au bled pour tromper le temps. Nous n’arriverons jamais à larguer les amarres de Pucallpa.

C’est une ambiance de pirate que nous trouvons sur le port à cette heure tardive, les gars sont ivres, la musique forte, des femmes ricanent...

Nous rentrons dans notre cabine et apprécions le luxe de pouvoir se retrouver seuls et pouvoir prendre une douche. Ce soir c’est la pleine lune.

Partirons nous vraiment demain???

Affaire à suivre....