COPACABANA, bord du Lac Titicaca

20 Juillet: Comme nous allons trimbaler mon père dans la camionnette, il est préférable que la route soit bonne. C’est pourquoi nous décidons d’aller à Copacabana, jusqu’où la route est asphaltée, petite station balnéaire touristique au bord du lac Titicaca, d’où nous pouvons nous rendre sur l’ile du soleil. Emilie et Jérémie nous y attendent car ils souhaitent faire la rando sur l’île avec nous.

Le temps est maussade et glacial à La Paz ce matin, nous espérons que cela s’améliorera pour notre arrivée sur le Lac.

Manque de pot, le soleil se dévoile un peu mais le vent se lève fort, et le passage sur le bac à Tiquina nous impressionne. Les vagues nous prennent de côté et les roues du camion décollent à chaque mouvement de la barque. Et là, on s’imagine la fin du voyage avec notre maison au fond du lac. Nous arrivons de l’autre côté avec un gros soulagement.

La photo n’est pas représentative de la réalité! ça tanguait vraiment! Pendant les 40 km restant pour Copa, le ciel se grise, et c’est un lavis à l’encre de chine qui nous accueille dans ce village.

Nous vivons une vraie tempête, rarissime à cette époque de l’année. Le vent souffle et soulève tout dans les ruelles, les mamitas sont paniquées, leurs articles en poteries volent, tombent et cassent, les pop-corns ramollissent, les parasols s’envolent et tout le monde cherche un endroit pour s’abriter de la grêle!!!

C’est sous un carrousel face à la cathédrale que nous retrouvons notre ami Jean, de la Seyne sur mer, parti faire un petit tour à vélo, Quitos en Equateur à Ushuaïa en 6 mois! Nos plannings nous ont permit de nous retrouver là ce jour là. Occasion de se dégoter un bar pour se réchauffer et fêter ça. ça tombe bien, ici il font des super piscos sour.

Nous réservons quand même nos tickets de bateau pour l’isla del sol, en s’assurant qu’ils seraient valables le jour suivant si la météo continuait à nous faire défaut. Nous prenons une chambre dans un alojamiento car pas question de bivouaquer au bord du lac avec ce vent et ce froid. Dommage, c’était notre souhait et la raison de notre venue ici.

21 Juillet: Il faut se lever tôt pour attraper le premier bateau allant à l’isla del Sol, nous nous sommes donnés rendez-vous devant l'embarcadère à 8h30, seul Jean n’est pas là. Il aura sans doute eu une panne d’oreiller. Le soleil est là, mais le vent aussi, et le froid est glacial. Le lac est démonté, on dirait la mer par mistral. C’est peu engageant, l'embarcation est petite et il n’y a aucun gilet de sauvetage à bord. De plus, le bateau est bondé. Les vagues frappent de plein fouet et le bateau tape fort. Le calvaire dure 2h15. Encore une fois, nous l’avons échappé belle. Nous apprendrons d’ailleurs qu’aucun autre bateau n’est sorti du port après nous...

Nous arrivons dans une baie abritée du vent, au village de Chall’apampa. ça repose de voir le lac un peu plus calme.

Le lac au repos et au soleil est magnifique, d’un bleu profond il nous rappelle notre Méditerranée. Les plages sont de sable blanc et l’eau claire invite à la baignade... enfin, avec une bonne combinaison!

Nous partons pour notre randonnée du Nord au Sud, sur deux jours, en espérant que Reiki ne chope pas un cochon de lait ou autre mouton.

Des enfants dans la cour de l’école sont intrigués par le chien qui ressemble à un loup, Reiki. Du coup ils nous suivent et sèchent l’école!

Le soleil nous réchauffe enfin, nous marchons sur l’île avec plus de plaisir.

Les premiers habitants de cette île la nommaient Titi Khar’ka (rocher du puma), d’où est dérivé le nom du lac. Elle est aussi le berceau du Soleil, de Viracocha, le dieu blanc barbu et des premiers Incas.

Nous allons à la pointe Nord de l’île afin de visiter les ruines du palais de l’Inca, appelées aussi le Labyrinthe. Ce nom est bien approprié, les murets sont un dédale de passages desquels on ne s’extirpe pas du premier coup. Même les chiens ne s’y retrouve plus. L’endroit est magnifique, propice à un pique-nique face au lac.

Après quelques heures de marche à un rythme très tranquille (nous sommes à 4000m) sauf pour Tarzan qui lui est toujours loin devant, devinez de qui je parle... tout en croisant des hordes de trekkeurs aux pas rapides et cadencés armés de bâtons comme s’ils faisaient une randonnée technique en montagne. Cela nous fait sourire car nous sommes à nous 5 exactement l’image opposée!

Du coup, une bonne bière s’impose, na!

Nous passons une forêt d’eucalyptus odorants pour rejoindre le village de Yumani dans lequel nous trouvons un alojamiento qui ne paye pas de mine, mais propre et aux logeurs charmants. La vue sur la Cordillera Real est splendide avec un coucher de soleil que l’on peut admirer de la terrasse. Les draps sont propres et la douche est chaude. Sauf qu’on nous demande gentiment de ne pas nous doucher ce soir car la réserve d’eau risque de tomber du toit à cause du vent si on la vide. C’est vrai que ça souffle fort. Bon, on va se coucher plein de poussière, après une soupe et un plat de spaghetti bouilli. Le couple est au petits soin avec nous, leur maison est encore en construction et nous devons faire parti des premiers clients.

22 Juillet: Après une bonne nuit, une bonne douche, et un bon petit déjeuné copieux chez ces villageois, nous reprenons la randonnées qui se termine une heure après à la fontaine de l’Inca. La végétation est plus verte, l’eau coule le long des escaliers qui mènent à la plage, et alimente des petits bassins, cet endroit résonne en nous comme un petit village de Provence.

Notre loup préféré se taperait bien un lama, mais Jérémie ne se refera pas avoir une autre fois. Surveillance rapprochée.

En attendant notre embarcation de retour, nous apercevront le bateau en totora de Thor Hayerdhal, célèbre pour son expédition du Kon-Tiki. Des promenades à son bord sont proposées, mais nous nous contentons de l’observer de l’extérieur. Le retour est bien plus agréable que l’aller, beau temps, lac calme, peu de personne à bord. Nous pouvons même monter sur le toit pour faire la traversée en plein air.

Nous retournons à Copacabana et mangeons enfin une bonne truite entière délicieuse dans un kiosque au bord du lac.

Copacabana sous le soleil a une toute autre allure, la cathédrale de style mauresque est imposante pour un si petit village, mais tellement belle. C’est devant celle-ci que les conducteurs viennent faire bénir leur véhicules. Les voitures et camions sont d’ailleurs décorés de guirlandes et de fleurs pour l’occasion.

Nous retrouvons Jean qui nous explique qu’il a loupé le rendez-vous car il était toujours à l’heure du Pérou, puisqu’il en arrivait tout juste.

Nous montons au cerro Calvario, un chemin de croix éprouvant à cette altitude, pour voir le coucher du soleil. Thille l’extra-terrestre le grimpe en courant. Nous arrivons au sommet la langue pendante, heureusement des kiosques vendent de la bière, nous sommes sauvés!

23 Juillet: Nous décidons de quitter Copacabana, cette ville n’a plus le charme qu’elle devait avoir avant qu’elle ne devienne un haut lieu du tourisme. Difficile d’y trouver une âme, nous n’y voyons que des groupes de jeunes étrangers, des agences et des bus en pagaille. Croyant Emilie et Jérémie partis puisque absents au rendez-vous de ce matin, et ni à l’endroit de leur précédent bivouac, nous les croyons en route plus tôt pour une raison quelconque et partons à notre tour sans pouvoir leur dire au revoir. Nous avons passé un mois super ensemble et c’est dommage de se quitter sur un malentendu.

En fait, un bivouac plus loin sur la plage et une bonne grâce matinée auront eu raison de nos aux-revoirs. Avec internet nous restons en contact et les reverrons peut-être au Pérou. Bonne route les Loulous!