RETOUR SUR TOLAR GRANDE

18 Mai 09: Nous retournons à Tolar Grande en faisant la boucle avec la route qu’il y a sur le plan. Nous profitons donc d’une autre vue et traversons le Salar d’Arizaro dans le sens perpendiculaire à la fois précédente. Nous nous renseignons afin de trouver la bonne piste pour nous rendre au Tunel del hombre muerto. Le nom de ce site n’est pas engageant, mais c’est peut être ça qui nous pousse à aller le visiter.

Nous suivons du chemin tracé dans le sel et le sable rouge, en circulant entre de belles dunes.

Les a-mateurs devinerons à quoi celle-ci ressemble!!! Nous arrivons devant une montagne de sel cristallisé  mêlée à du sable durci et trouvons une entrée.

Munis de nos torches nous entrons dans ce tunnel. Le froid est saisissant, nous devinons de quoi est mort l’homme qu’on a retrouvé dedans. La galerie est impressionnante, il fait si noir, si froid, et les parois sont si bruyantes que nous hésitons à nous faufiler au fond du tunnel. En effet, nous entendons des craquements qui ne nous inspirent pas confiance, surtout lorsqu’on observe de plus près, nous voyons les effondrements qu’il y a eu, ainsi que les failles annonciatrices de futurs éboulements.

Cependant nous restons dans l’antichambre pour admirer les stalactites de sel et tous les petits cristaux qui brillent comme des diamants incrustés dans les parois. Nous nous imaginons coincés là dessous si un morceau s’effondrait. Combien de temps avant que quelqu’un vienne nous secourir? Il n’y a pas l’air d’avoir foule dans le coin ces temps-ci. De toute façon, pour continuer, il faudrait ramper dans le sable et ça ne nous dit rien.

Nous sortons de là et faisons le tour de la montagne, il y a une autre entrée, ou une sortie si on tente d’emprunter toutes les galeries qui soit disant font 180m de long. Alors malgré les craquements, on entre aussi en ayant l’oreille bien attentive. Mais l'inquiétude nous gagne, le soleil de la sortie est rassurant et imaginons qu’un site comme celui-ci en France serait certainement interdit au public.

Lorsque nous retournons au village, le sympathique vendeur du kiosco nous dit qu’il y a «dos franceses a pata» ici, nous comprenons qu’il s’agit de Pierre et Gautier, les deux marcheurs endurant que nous avions rencontrés en allant au cône. C’est l’occasion de se faire l’apéro et de bavarder toute la soirée.

Il sont logés chez Theophila, une femme adorable dont la maison sert de refuge et de restaurant. Nous en profitons pour se faire une énorme assiette de frite maison avec du poulet rôti. ça fait du bien après plusieurs jours de lyophilisé!

Nous passons la nuit dans une ruelle du village après une bonne tisane de «rica-rica», plante de la puna que Gautier et Pierre ont ramassé.

19 Mai: Nous retrouvons au réveil nos deux nouveaux copains et nous organisons un rendez-vous sur le chemin de Pocitos, à la gare abandonnée que nous avions vu à l’aller. Nous leur transportons leurs outres d’eau et leur nourriture pour les aider un peu. Ils arrivent assez tôt, ce sont de bons marcheurs. Thille leur prépare une chambre en nettoyant un wagon. Alors c’est un peu la fête dans cette vielle gare au milieu de nulle part, on boit du vin chaud car il fait vraiment froid, on se fait des pattes et des crêpes en dessert en écoutant de la musique. Nous voyons dans la nuit un camion passer, il s’arrête...il doit se demander ce qui se passe dans cet endroit, et repart.

Gautier profite de ce lieu un peu lugubre la nuit pour nous demander si nous avons rencontré le fantôme de la mine. Il y a un bruit qui court dans les environs, une bonne histoire qui fait peur. J’ai bien fait de refuser la partie de cache-cache...

20 Mai: Nous nous quittons après un déjeuner bien chaud dans le froid de cette matinée qui commence par un ciel voilé. Les bonnets sur la tête et les coupes-vents sur le dos, on se demande s’il ne va pas neiger d’un coup. Nos marcheurs n’ont pas peur, c’est vrai que nous sommes à la porte de l’hiver et les belles journées à 30° que nous avons eu jusqu’à présent sont du répit. Si jamais le temps se gâte, nous viendrons les chercher. Nous convenons d’un point GPS où nous avions bivouaqué à l’aller afin de leur planquer de la nourriture et de l’eau. Arrivé presque à cet endroit, notre GPS nous lâche. Nous espérons qu’avec les repères ils trouverons le trésors. Donc notre GPS est bel et bien mort, il ne s’allume plus, nous ferons à l’ancienne en attendant une grande ville pour en acheter un autre.

Nous avons changé notre programme ces jours-ci, nous allons descendre la route allant jusqu’à Antofagasta et traverser le désert de l’homme mort, descendre aux thermes de Fiambala et passer au Chili par le col de San Francisco. Passer au Chili par cet endroit nous intéresse car la mer nous manque et dans ce coin là, l’océan Pacifique borde des plages de sable blanc et la spécialité de cette partie là est ... la coquille St Jacques!!! Mais la piste menant à Antofagasta ne nous emballe guère, les paysages et le salar sont bien monotones comparés à ce que nous avions vu jusqu’à présent. Nous suivons des camions d’une trentaines de mètres chargés de grosses bouteilles de gaz bien plus sales que notre camion à nous!

Heureusement nous faisons connaissance avec les nandous, ils courent plus vite que je ne dégaine l’appareil photo, mais j’ai réussi finalement car lorsque le camion s’arrête, ils s’arrêtent aussi! Le vent souffle très fort, nous sommes fatigués et nous passons une nuit à -15°. Nous tenons toujours sans chauffage avec notre bonne couette, mais les vitres sont glacées à l’intérieur le matin.

21 Mai: Le paysage commence à nous plaire un peu plus, nous passons devant une vega (on a apprit ce mot aussi, des petites lagunes aux eaux douces, oasis pour oiseaux et vigognes) où le puma a dû se faire un bon déjeuner à la vigogne.

Et enfin, nous voyons des arbres, peupliers et tamaris au fond de cette vallée verdoyante, où vivent quelques éleveurs, contraste saisissant car depuis notre voyage dans la puna, nous n’avons vu que des touffes d’herbes endémiques. Nous approchons d’Antofagasta, village encerclé de volcans.